En collaboration avec le comité des sages, le collectif des représentants du aârch, le mouvement associatif de Raffour a organisé un programme d’activités diversifiées à caractère commémoratif qui s’étalent sur 04 jours, soit du 06 au 09 mai. Activités abritées par l’esplanade d’Akham l’aârch sous le thème «06 si maggu 1957», journée durant laquelle les forces armées coloniales ont procédé à la destruction du village Ighzer en haute montagne dans l’actuelle commune de Saharidj. Pour la réussite de l’important programme, les associations Tizimit, le comité des sages Ighzer Iwakuren, le collectif des jeunes représentants de la société civile, l’association arts, science, culture et progrès et enfin les membres de la bibliothèque centrale de Raffour (BCR) se sont impliqués à fond pour faire parler l’histoire et raviver la mémoire collective à travers de nombreux témoignages des survivants, des expositions d’archives datant de cette époque, conférences et tables rondes. Un riche programme ayant créé l’événement à Raffour et qui a débuté mercredi dernier, par une visite au sanctuaire des martyrs d’Iwakuren, où une gerbe de fleurs a été déposée après observation une minute de silence à leur mémoire. La cérémonie a été clôturée par une prise de parole d’anciens combattants de cette localité qui donnèrent un bref historique de la guerre de libération devant une foule nombreuse, composée en majorité de jeunes. La journée suivante du jeudi a été consacrée en plus de l’exposition à une table ronde durant laquelle il a été fait appel à plusieurs vieilles femmes qui ont été violentées durant la guerre de libération par les militaires français mais qui soulignèrent aussi l’implication corps et âme et l’important rôle essentiel jouée par la femme rurale durant cette guerre sans merci contre la 4ème puissance militaire mondiale. Une armée qui n’a pas hésité à utiliser des armes de destruction massive sans pour autant parvenir à étouffer une révolution d’un peuple opprimé qui a fini par les chasser. Pour la journée du vendredi, il a été procédé à l’organisation d’une kermesse avec une variété de jeux et bouclée par une soirée artistique à laquelle ont pris part de nombreux chanteurs de la région. Pour la journée d’hier, les initiateurs ont organisé une sortie au village Ighzer en guise de pèlerinage en marquant un arrêt là où se sont déroulés les nombreux accrochages entre les combattants de l’ALN et les forces coloniales. Des lieux qui comportent encore des traces de violents combats tel que des rochers calcinés brulés au napalm, des carcasses d’avions de combat de la 8ème armée, des douilles d’obus de mortiers de différents calibres, des maisons éventrées par l’artillerie ou détruites à l’aide de grenades explosives. L’activité a été clôturée par une waâda sur le site même du village Ighzer Iwakuren. Il convient de rappeler que le village Ighzer Iwakuren a été rasé par les militaires français, un 06 mai 1957, après un violent accrochage la veille avec une compagnie des fidayines qui leur ont fait subir d’énormes pertes. C’est alors que les soldats français ont décidé de se venger, en se rabattant sur la population sans défense et procédèrent à la destruction du village dont le gros des habitants sont allés se réfugier, dans un premier temps, au village voisin Thadert Lejdid du même aârch Iwakuren, pendant que d’autres se sont éparpillés à travers les villages de l’actuelle daïra de M’Chedallah, où ils sont allés demander asile et recueillis par la population de cette région qui s’est montrée solidaire avec ces réfugiés. Mais leur malheur ne s’arrêtera pas là. Le 28 juin, soit durant l’opération du sinistre général Bigeard qui a débuté le 27 du même mois, le village Thadert Lejdid fut à son tour détruit et la population évacuée vers l’actuelle Raffour, dans la commune de M’Chedallah pour être parquée dans un camp de concentration en toile cerné de barbelés et étroitement surveillé. Notons enfin que le aârch Iwakuren a comptabilisé pas moins de 114 chahid et des centaines d’invalides de guerre tant physique que mental.
Oulaid Soualah