Ce qui a changé

Partager

La chanson kabyle a connu une épopée légendaire, reconnue par tous les spécialistes de l’art, de la poésie et de la musique. Avec des voix et des textes de haute facture, son niveau avait atteint le sommet. 

Slimane Azem, Chikh Nourdedine, Taleb Rabah, Zerouki Allaoua, Hsissen, Kamal Hamadi, Chikh El Hasnaoui, Cherif Khedam, Akli Yahiaten, Hnifa, Cherifa et tous les autres chanteurs de l’époque, la voie était toute tracée. La production artistique de qualité a prévalu. Avec leurs opus et leurs œuvres hautement travaillées, les anciens ont bercé et surtout éduqué des générations entières ; d’ailleurs, à ce jour, leurs chansons sont toujours écoutées et les auditeurs ne s’en lassent jamais. Cette assise solide a donné naissance à d’autre chanteurs de talent comme Idir, Ferhat Imazighen Imoula, Ait Menguellat, les Abranis, Nouara, Zohra, Ideflawen et beaucoup d’autres artistes qui, non seulement excellaient dans la chanson, mais véhiculaient des messages et des projets de société. La chanson engagée était née. Les artistes exprimaient tout haut ce que les citoyens pensaient tout bas et tout cela à travers des mélodies et des paroles ajustées. Inexorablement, le milieu artistique kabyle était devenu une école où s’enseignaient l’amour de la patrie, la revendication identitaire et le désir d’aller vers une démocratie majeure, disait feu Matoub Lounes, le rebelle, dans une de ses chansons. L’apparition de la chanson Rai et la traversée du désert lors de la décennie noire ont beaucoup ralenti l’élan de la chanson kabyle. Matoub a été assassiné un sale coup pour le milieu artistique. D’autres chanteurs se sont exilés ou même mis la clé sous le paillasson, alors le spécial fête s’invita sur la scène artistique kabyle. Ce style qui compte beaucoup sur une musique électronique et des textes de « basse » poésie a eu au moins le mérite de faire barrage au Rai. Petit à petit, le pays commence à retrouver ses repères, l’insécurité recule et la chanson kabyle reprend le poil de la bête. Beaucoup de chanteurs font de belles choses, comme c’est le cas de Taleb Tahar, Ouazib, Ali Amrane, Farid Ferragui, Fahem Mohand Said, Takfarinas, Zeddek Mouloud, Cherif Hamani pour ne citer que ceux là mais il y a aussi plein de jeunes chanteurs qui produisent à titre d’auteur, mais leurs œuvres nécessitent plus de travail et de persévérance pour d’une part faire honneur à la chanson kabyle, et égaler le niveau des anciens d’autre part. Akli Yahiaten que nous avons questionné à ce sujet lors du Festival de la chanson moderne de Mechtras dira : « Sur la scène artistique, il y a plein de bons chanteurs mais ils doivent, pour avoir un niveau plus haut, étudier la musique et composer des textes de haute gamme pour réussir. Il ne suffit pas d’avoir un synthétiseur et de griffonner quelques mots arrangés pour espérer l’admiration et le respect des auditeurs. La célébrité et la renommée ne viennent qu’après des efforts incommensurables ». C’est comprendre qu’actuellement, ces jeunes artistes talentueux doivent se former davantage, maintenant que les moyens d’apprentissage et les écoles sont disponibles.

          Hocine T.

Partager