“Les travailleurs de l’éducation sont malmenés”

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Dans le cadre de la grève illimitée décidée par les travailleurs de l’éducation à Tizi Ouzou, et dont le SETE/UGTA est l’une des organisations syndicales initiatrices, nous avons effectué une virée dans ses bureaux, pour connaître de près les préoccupations de ces travailleurs.Les bureaux du SETE se trouvent au dernier étage du bâtiment des œuvres sociales, sur les lieux, nous sommes reçu par M. Hamoutène, le nouveau secrétaire général de cette organisation syndicale, se trouvent également avec lui d’autres syndicalistes très occupés par les actions menées depuis le 9 janvier dernier.Les syndicalistes ne cessent de se poser des questions et de dénoncer la gestion financière du salaire des travailleurs de ce secteur qui, selon eux, est atypique à Tizi Ouzou. “Les pouvoirs publics ont plongé le secteur dans un pourrissement délibéré et inavoué depuis janvier 2002, date à laquelle on a décidé de centraliser la gestion des salaires au niveau de la wilaya”, accuse le SG du SETE. Selon lui, “tout le monde a été interpellé, y compris le directeur de l’éducation et le ministre, pour attirer leur attention sur la situation difficile que vivent les 22 000 travailleurs de notre secteur”, ajoute-t-il”.Selon un autre travailleur, “Des progrès ont été réalisés, notamment avec la réception des salaires dans les délais”, c’est-à-dire avant le 15 de chaque mois. Le point qui a suscité la colère des travailleurs et qui les a contraint à la grève est la non-réception de la prime de rendement et de ses arriérés, ainsi que le versement des salaires aux 3 600 vacataires activant dans ce secteur à Tizi Ouzou. Selon un autre syndicaliste, “certains travailleurs vacataires n’ont pas perçu leur salaire depuis 2002”, accuse-t-il.Les représentants des travailleurs accusent les responsables de “manque de volonté et désir de créer un climat de marasme pour des objectifs inavoués”, disent-ils. Et d’ajouter “Un nombre important de travailleurs vacataires n’a pas perçu son salaire depuis 2002”, accuse-t-il. Et d’ajouter : “Le nombre important de travailleurs n’explique pas ce retard car à Sétif où le nombre est supérieur, l’on ne rencontre pas ce genre de problème”, dénonce-t-il. Un syndicaliste s’interroge : “Comment voulez-vous qu’un enseignant soit rentable alors qu’il n’est pas pris en charge sur le plan socio-professionnel ?” Selon un autre, la vie pour l’enseignant devient de plus en plus difficile. “Un travailleur qui exerce, par exemple à Aït Zikki, se situant au fin fond de la Kabylie, est contraint de se déplacer jusqu’à Tizi Ouzou, pour n’importe quel problème le concernant et qui ne devrait pas normalement exister”, dénonce-t-il.Selon ces représentants, les notes de rendement des travailleurs ont été déposées à la direction de l’éducation depuis le 10 octobre 2005. “Tout un trimestre après, il n’y a rien !”, s’exclame le secrétaire général. Ce responsable syndical relate le fil des événements pour justifier le recours à la grève et le ras-le-bol des travailleurs.Pour ce représentant, “le SETE n’est pas un syndicat-maison. Il demeure une force de contestations et de propositions”. Tout au long de cette rencontre, le téléphone ne cesse de sonner. La plupart de ses contacts sont avec les différentes localités de la wilaya pour communiquer les résultats du suivi de la grève. Mais aussi, avec le contrôleur financier de la wilaya. A la fin d’un appel M. Hamoutène déclare : “Grâce à cette grève, les services de la direction de l’éducation font des mains et des pieds pour débloquer la situation”. Et d’ajouter : “Nous ne sommes pas des agitateurs, nous exerçons ce qui est notre droit dans un cadre légal”.Et d’annoncer leurs perspectives : “Nous maintiendrons notre mobilisation et engagerons d’autres actions, s’il le faut, jusqu’à ce que tous les arriérés non payés soient versés pour le 2e trimestre de l’année scolaire 2005/2006”, avertissent ces travailleurs.Ils mettent également en garde. “Qu’on cesse de malmener le travailleur. Qu’on le laisse travailler. Qu’on cesse de le noyer dans de faux problèmes, de ternir son image par des pratiques machiavéliques perpétrées par les pouvoirs publics”.Il est tard. La journée de travail tire à sa fin. Nous quittons ces représentants des travailleurs. Pour eux, la journée n’est pas finie et s’étalera encore jusqu’à la nuit tombée. Tant que leurs milliers de collègues se débattent toujours dans les problèmes, ils auront du pain sur la planche. La lutte semble rude, mais combien noble. Car il s’agit du triomphe des droits élémentaires des travailleurs de ce secteur.

Mourad Hammam

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