L’autosuffisance alimentaire d’un pays se mesure par rapport au développement de son agriculture.
Certes, en Algérie, cela est possible eu égard aux efforts consentis par l’Etat au profit des agriculteurs. Mais, hélas, certaines entraves, qui ne devraient pas être, freinent de nombreux maraîchers. Au niveau de la région de Draâ El-Mizan, dotée de deux barrages d’eau et pas moins de cinq retenues collinaires, la possibilité de développer cette filière peut être qu’une prouesse. Mais, hélas ! Les réseaux d’irrigation sont vétustes et ne répondent plus aux besoins des agriculteurs. L’exemple nous vient de Ain Zaouia. En dépit d’une capacité d’un million et quatre cent mille mètres cubes, le barrage est fermé faute de mise à niveau du système d’irrigation qui date du début des années 80. Pourtant, nombreux sont les maraîchers qui investissent dans ces cultures (pomme de terre, pastèque, melon, haricots verts, courgettes) pour ne citer que celles-ci. Cette année, ils appréhendent de se lancer dans ce créneau. «C’est un barrage qui pourra irriguer jusqu’à 260 hectares. Déjà au moment où son système d’irrigation fonctionnait, il satisfaisait jusqu’à 117 hectares. Il a un total de 7419 mètres linéaires munis de 80 bornes. Ce n’est pas rien, non ?», nous interrogera l’un des maraîchers de la région. Depuis des années, les fellahs n’ont pas cessé d’interpeller les responsables à ce sujet. Malheureusement, leurs appels ne tombent que dans des oreilles sourdes. «Il faudrait prendre en charge un tel atout. Ce ne sont pas avec des paroles qu’on pourra atteindre notre autosuffisance alimentaire ou encore en effaçant des dettes à des gens qui ne sont pas de métier», s’indignera un autre maraîcher. C’est le cas des autres barrages de la région. Les maraîchers qui osent se lancer dans ce créneau ne comptent que sur leurs propres moyens. «Il faudrait tout d’abord acquérir des centaines de mètres de tuyauterie et avoir une motopompe d’une capacité puissante. Et puis, ce n’est pas facile et cela coûte trop cher. Vraiment, c’est éreintant. Si le réseau d’irrigation était fiable, l’eau vous arrive au champ sans problèmes. Et ces derniers temps, nous perdons même notre matériel à cause de vols multiples. Vous ne pouvez pas tout de même faire déplacer votre matériel après une longue journée de travail», nous confiera un autre maraîcher. Devant tant d’aléas, nombreux sont ceux qui abandonnent cette filière pour un autre choix. D’autres estiment qu’il est temps même de créer des coopératives qui se chargeront de l’exploitation de ces réserves hydriques importantes au lieu de les laisser à la portée des prédateurs qui ne paient aucun sou. «Concéder ces eaux à des groupes d’agriculteurs par voie d’adjudication est une solution. Le concessionnaire devra tout d’abord rénover le réseau, puis procéder à l’exploitation. Sinon, les mettre à la disposition du secteur agricole qui trouvera un moyen pour leur rentabilité. Parce que les laisser à la portée de tout venant ne profite à personne sauf aux prédateurs», tel est le raisonnement d’un autre maraîcher. En dépit des avis des uns et des autres, il ne revient qu’aux responsables concernés de penser au moyen de rentabiliser ces atouts d’une part, et d’autre part d’encourager ces fellahs à ne pas renoncer à leurs cultures qui sont en désuétude ces dernières années contrairement à la fin des années 70 et 80 quand les légumes de toute la vallée arrivaient jusqu’aux marchés des autres wilayas.
Amar Ouramdane

