Ivahlal à la traîne

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Le village Ivahlal, culminant à 1 000 mètres d’altitude, dans la commune d’Aghbalou, à une soixantaine de kilomètre à l’Est du chef-lieu de la wilaya de Bouira, accuse un retard considérable en matière de développement.

Un cadre de vie déplorable, des projets de développement qui tardent à venir et d’autres accusant d’énormes retards,… ce sont là les maux dans lesquels se débat cette localité frontalière de trois wilayas, à savoir Tizi-Ouzou, Bouira et Béjaïa. Une situation qui rend difficile, voire même handicapante, la vie des villageois. Au niveau de ce village, deux associations à caractère socioculturel essayent tant bien que mal d’améliorer le quotidien des villageois. Il s’agit de l’association socioculturelle (Thadarth Ivahlal) «ASTI» de Chrèa et de «Tirgwa» d’Ighil Azem. L’ASTI compte une centaine de bénévoles et d’adhérents. Tous ces acteurs du mouvement associatif œuvrent pour l’amélioration de la situation sociale, culturelle et sportive du village. Des démarches, les deux associations en ont entrepris plusieurs. De nombreuses requêtes ont été adressées aux autorités locales, à leur tête le wali de Bouira, pour l’octroi des projets de développement, mais…

Problématique de la fibre optique

Le projet de raccordement du village au réseau de la fibre optique tarde à se concrétiser. En mars dernier, le wali de Bouira, M. Nacer Maaskri, a effectué une visite dans cette région montagneuse, durant laquelle le sujet de la fibre optique a été abordé. Le chef de l’exécutif avait donné une instruction pour le responsable du secteur afin d’équiper tout le village de cette technologie, il a même désigné un bureau d’étude pour l’entame des travaux. Hélas, ce projet n’a pas été réalisé au grand désarroi des villageois. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, l’état des lieux est le même, rien n’a changé. Un des membres actifs du mouvement associatif local, Akli Aiche en l’occurrence, nous déclare d’un ton grave : «nous avons fait appel, à maintes reprises, aux services d’Algérie Télécom pour qu’ils raccordent notre village au réseau de la fibre optique, mais notre appel semble apparemment ne pas trouver une oreille attentive. Les jeunes de notre village, épris de la toile, parcourent des kilomètres pour aller se connecter, entre la commune de Tazmalt et le village de Takerboust, c’est la galère au quotidien ! Un raccordement à la fibre optique s’avère plus que nécessaire». À signaler que le village d’Ivahlal dispose d’une ligne téléphonique WLL et d’internet, seulement celle-ci n’est pas stable et son débit est trop faible.

L’insalubrité un autre mauvais aspect du village

Les conditions hygiéniques laissent à désirer, et ce, malgré l’existence de bacs à ordures dans les coins du village. L’accumulation des déchets et ordures ménagères poussent certains habitants à jeter les ordures sous les ponts et sur les routes. Les camions de l’APC chargés de la collecte des détritus n’arrivent que rarement au village. Un autre écueil se pose aussi, celui de la non disponibilité des décharges devant servir au stockage des déchets. Questionné sur l’insalubrité qui règne à Ivahlal, un habitant dira à ce propos : «c’est vraiment triste de voir les conditions lamentables dans lesquelles nous vivons. Les ordures jonchent les routes, offrant un décor des plus hideux. Notre village est le seul à n’avoir pas bénéficié d’une décharge publique, contrairement à d’autres villages frontaliers qui, eux, en disposent depuis longtemps». Et de poursuivre : «le village de Selloum en est la preuve. Cette localité située à 5 Kms d’Ivahlal abrite un centre d’enfouissement technique, CET».

Absence totale des infrastructures de loisir pour les jeunes

Les jeunes dudit village ne trouvent pas de lieux où passer leur temps vide, aucune maison ni auberge de jeunes n’y existe. En plus de cette absence de centres de détente et de divertissement, les stades ne sont pas aménagés. À la dernière nouvelle, une association locale qui siège à «Ighil Azem», l’une des trois agglomérations de Thadarth Ivahlal, a entamé avec ses propres moyens le terrassement d’un terrain sis en face de l’antenne administrative pour y aménager un stade. «Les autorités locales ont souvent marginalisé notre village, on n’est pas considéré comme une région attachée à la wilaya de Bouira. Depuis maintenant très longtemps, aucun projet de grande importance n’a été réalisé c’est avec nos propres moyens financiers et avec l’aide des bénévoles qu’on a pu s’offrir un stade qui constituera une bouffée d’oxygène pour nos jeunes», note Rachid, un quadragénaire.

Une seule salle de soins et des prestations des ervice insuffisantes

La prise en charge en matière de soins pose aussi problème au niveau du village Ivahlal. Les villageois en souffrent vraiment de cette insuffisance dans la couverture sanitaire. En effet, la salle de soin qui se trouve à «Chréa», une petite agglomération située entre Ighil Azem et M’lal, est, selon les dires de Moussa, habitant du village, loin de répondre aux besoins sans cesse croissants de la population en termes de prise en charge médicale. Les prestations de service sont jugées insuffisantes et les effectifs sont limités. À en croire notre interlocuteur, un seul médecin exerce au niveau de ce dispensaire. Un manque terrible en matériel médical est aussi à relever. Cette situation devient beaucoup plus complexe pendant la saison hivernale, car les habitants se trouvent dans l’obligation de se déplacer vers d’autres communes pour recevoir des soins. Le manque d’effectifs est flagrant, un médecin et une infirmière pour prendre en charge les 6 000 habitants que compte le village Ivahlal. Le mouvement associatif a sollicité les responsables de la DSP pour l’acquisition de produits médicaux, ainsi que le renforcement du personnel de la salle de soin, hélas, les incessants appels n’ont pas trouvé une oreille attentive.

Le projet de raccordement au gaz naturel piétine

Le projet DP Gaz d’Aghbalou tarde à être achevé particulièrement du côté Est de la commune où les deux tiers du village ne sont pas encore raccordés au réseau. C’est le cas à Chréa, Ighil Azem mais aussi au niveau du village voisin d’Ighil Ouchekrid. Ce retard considérable est dû essentiellement au relief accidenté de la région, mais aussi à la défaillance de certaines entreprises de réalisation.

À ce sujet, Moussa Oukrid, membre de l’association ASTI de Chréa nous fait savoir : «les travailleurs de Kahrif, qui est parmi les entreprises chargées de la réalisation du réseau du gaz de ville, ne sont pas réguliers, la cadence du chantier est lente. Pourtant, nous avons mis à leur disposition un grand foyer pour les héberger afin qu’ils terminent tôt les travaux et pour que les habitants puissent en profiter de cette énergie dès la prochaine saison hivernale». D’autres problèmes sont dus à la difficulté de réalisation de certains points particuliers qui traversent les ponts. L’APC d’Aghbalou a une part de responsabilité dans le retard mis dans la réalisation dudit projet, puisque elle n’a pas procédé à l’opération de nettoyage des ponts dans les délais impartis ; ce qui a causé un énorme retard dans l’achèvement du chantier.

En attendant un meilleur avenir pour cette localité de la wilaya de Bouira, les villageois espèrent voir une amélioration de leur cadre de vie le plus tôt possible.

A.K.

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