La campagne de fenaison dans la vallée de la Soummam tire à sa fin et les agriculteurs jugent la production de cette année faible par rapport aux années précédentes.
Pourtant, les abondantes chutes de pluies tombées sans interruption durant les mois de janvier et février faisant même des dégâts, tels que les éboulements qu’elles ont provoqués à certains endroits, ont fait jubiler les agriculteurs qui croyaient engranger une bonne production fourragère cette année. Seulement, après le 31 mars, pas une goutte de pluie n’est tombée du ciel. « Nous avons vécu un avril sec alors que c’est la période favorable à la croissance de l’herbe. Si l’on tient à cela, au mois de mai, la pluie n’est pas tombée aussi et nous avons eu même des pics de chaleurs atteignant les 35° durant trois jours. Conséquences, le jaillissement de l’herbe ne s’est pas fait et la chaleur l’a forcé au fanage avant terme. Voila la raison et il y en a d’autres aussi qui ont fait que la production fourragère est médiocre cette année », a déclaré un agriculteur en connaissance de cause. Un ingénieur agronome spécialisé dans la céréaliculture révèle que seuls vingt hectares de vesce avoine ont été emblavés dans la wilaya de Béjaïa, une région où la production animale est en vogue et réputée comme un grand bassin de lait. Les céréales aussi ont été affectées par l’absence d’eau au printemps. Cet ingénieur a même dévoilé qu’un rapport a été adressé par les céréaliculteurs le 14 mai dernier à la DSA de Béjaïa, via la subdivision de la daïra de Seddouk, lui demandant de faire intervenir ses services pour évaluer les dégâts et prendre les dispositions qui s’imposent.« Ce manque d’eau au printemps a provoqué un stress hydrique à l’origine de l’échaudage du grain, d’où un manque de remplissage de l’épi. Les prévisions sont revues à la baisse. Les rendements ne dépasseront pas cinq quintaux l’hectare. Les céréaliculteurs qui ont contracté des dettes auprès de la BADR commencent déjà à s’inquiéter avec quoi ils vont rembourser s’ils n’ont pas engrangé de bonnes productions », a conclu notre interlocuteur. Cette situation a aggravé la détresse des éleveurs de bovins et ovins qui, il faut le dire, ont traversé des moments difficiles, notamment après avoir fait face à la fièvre aphteuse, une terrible maladie qui affecte les bovins, où certains éleveurs ont perdu des bêtes. S’en était suivi les augmentations tout azimut des prix des aliments du bétail. Cela a frappé de plein fouet les prix des bovins laitiers qui ont chuté considérablement. Les productions faibles des fourrages et des céréales ont porté un sacré coup pour les éleveurs qui font face à une chute vertigineuse des prix des bovins laitiers durant la période où ils attendaient une reprise à la hausse des prix. En effet, nous sommes à l’approche du Ramadan où la consommation de viande augmente. Suivront par la suite les deux fêtes religieuses, le retour des hadjs et les fêtes de mariages. Comme les prix des bœufs et des moutons n’ont pas changé c’est-à-dire sont toujours chers, les gens se rabattent sur les veaux (nouveaux nés) qui s’arrachent comme des petits pains sur les marchés, a-t-on constaté. Même pour l’Aïd, les gens se mettent en groupe et achètent un veau qu’ils se partagent, une opération qui s’apparente à Louziaâ. Les éleveurs de bétail de la vallée de la Soummam sont dans la tourmente et attendent un geste fort des pouvoirs publics qui les sortirait de l’ornière.
L. Beddar