Cela fait près d’un mois depuis qu’il n’y a pas eu de week-end sans son lot de vacarme, résultat d’un mélange de musique, de klaxons et de youyous. Ça chante de partout et ça klaxonne du matin au soir. C’est le début de la célébration des fêtes de mariage. Désormais, cortèges de voitures et musique à coups de décibels animeront tous les week-ends de la saison estivale hormis ceux du mois de ramadan. Ainsi donc, depuis plus d’un quinquennat, il y a eu une période pré-ramadhanèsque et une autre post-ramadhanèsque avec lesquelles les gens devaient programmer. Après un hiver très rude, les premières journées ensoleillées de la fin du mois de mai et de début du mois de juin ont été mises à profit par les citoyens, pour organiser les fêtes de mariage avant l’arrivée du mois de Ramadan durant lequel tout le monde observe une trêve. Depuis trois week-ends, les cortèges nuptiaux signalés par des klaxons stridents envahissent les artères des villes. Toutes les salles des fêtes sont réservées de la mi-juillet, c’est-à-dire dès le premier week-end post-Ramadan, jusqu’à la fin du mois de septembre. L’incrustation du mois de Ramadan dans la saison estivale a obligé les candidats à l’union sacrée à trouver des week-ends avant et après cette période pour célébrer leur mariage. Avec le nombre de plus en plus important de mariages à célébrer, les journées de semaine sont venues à la rescousse. Les mariages sont célébrés au chef-lieu de wilaya chaque jour de semaine durant tout l’été. Il y a plus d’une vingtaine de salles des fêtes au chef-lieu de wilaya et pourtant, elles sont toutes prises d’assaut et les réservations ont commencé au début de l’année. « J’ai réservé la salle en janvier et cela ne m’a pas permis d’avoir la date que je voulais en juin. Mais bon, j’ai décalé la fête d’une semaine seulement », dira un septuagénaire qui a organisé à Béjaïa-ville, le mariage de son benjamin la semaine dernière. Il en est de même dans les autres communes de la wilaya. Au niveau de la station balnéaire d’Aokas, il y a une seule salle des fêtes que se partagent les habitants des daïras d’Aokas, Tichy et Souk El Tenine. Fort heureusement que l’association de défense des inadaptés mentaux loue le centre d’Aokas pour engranger des ressources financières. Le prix de la location d’une salle pour une journée et une nuit oscille, dans la wilaya de Béjaïa, entre six et quinze millions de centimes et beaucoup moins au niveau du centre DEFI. Les moins nantis se rapprochent des mairies pour avoir l’autorisation d’organiser la fête dans les écoles primaires. Bien entendu, ces fêtes ne sont pas synonymes de joie seulement, mais elles engendrent également des désagréments à la population et plus particulièrement aux voisins. Après les klaxons de la journée, place à la musique stridente, la nuit. Les disc-jockeys, très sollicités pour la circonstance, ne lésinent pas sur le volume des décibels. Ce n’est plus de la musique, agréable à écouter, mais c’est plutôt un tapage nocturne qui perturbe le sommeil des bébés et des personnes âgées, qui en ressort des multiples baffles. La joie des uns est un calvaire pour d’autres.
A.Gana