50% des importations de véhicules détenues par 3 concessionnaires

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Pas moins de 50% des importations de véhicules en 2014 sont détenues par 3 concessionnaires, révèle une étude réalisée par le ministère du Commerce, dont le rapport a été publié hier par l’APS. La dite étude, transmise selon la même source au Premier ministre, s’est penchée sur l’activité des concessionnaires au titre de la période 2013-2014, actualisant celle déjà réalisée pour la période 2010-2012. Ainsi, le rapport indique que les trois premiers importateurs de véhicules (deux marques européennes et une asiatique) mobilisent à eux seuls 2,5 milliards de dollars, soit près de 50% de la totalité des importations de la filière en 2014. A terme, note le document, un concessionnaire pourrait mobiliser à lui seul une ressource financière en devises pouvant atteindre un (1) milliard de dollars. En 2014, la facture d’importations des véhicules a atteint 5,2 milliards, soit 9% des importations globales du pays. Malgré la baisse des importations enregistrées en 2014 (-15%), «cette filière mobilise encore des ressources financières importantes en devises, qui risquent à moyen terme d’exercer une pression sur l’équilibre de la balance des paiements du pays si des mesures d’encadrement, de régulation de contrôle et de réduction de la demande ne sont pas prises». Sur les cinq dernières années (2010-2014), les concessionnaires ont importé 1 934 416 véhicules, soit une moyenne de 387 000 véhicules/an avec un pic de 513 566 véhicules en 2013, «qui a contraint le pays à mobiliser une ressource financière inutile», puisque la demande intérieure a baissé de 22% en volume et de 15% en valeur en 2014. Comme l’a toujours soutenu le ministre du Commerce, Amara Benyounès, l’étude indique qu’en l’absence d’instrument de régulation et d’analyse prospective, le pays s’est transformé en un « vaste espace de stockage », générant ainsi pour les concessionnaires des coûts supplémentaires, ce qui est de nature à renchérir davantage les prix des véhicules. Pour pallier au manque d’anticipation observé sur le marché le rapport du ministère du Commerce recommande de prendre des mesures impliquant plusieurs départements ministériels ayant la charge de la sécurité routière, du développement du réseau après vente, de l’élaboration des normes de pollution et consommation d’énergies, des conditions d’éligibilité de la gestion des ressources financières externes et des transferts de capitaux et du contrôle de l’importation et des déclarations fiscales de chaque concessionnaire. Cette intersectorialité entre les ministères pourrait être organisée autour d’un comité intersectoriel ayant pour objectif d’ «évaluer les besoins réels du marché algérien et d’en affecter annuellement, dans le cadre du système des licences à introduire prochainement, des niveaux d’importation à ne pas dépasser à l’instar de ce qui se pratique en Tunisie et au Maroc». Par ailleurs, cette enquête, qui s’est basée sur l’examen des données douanières et l’analyse des bilans déposés par ces concessionnaires auprès du Centre national du registre du commerce (CNRC, a révélé que si l’activité de vente de véhicules demeure globalement bénéficiaire avec un gain de 18 milliards DA en 2013, huit (8) concessionnaires ont enregistré toutefois, des « déficits importants » allant jusqu’à 742 millions de DA pour un concessionnaire d’une marque française. Le rapport souligne que cette situation dénote «certaines pratiques financières utilisées par les concessionnaires visant à transférer plus de capitaux (vers l’étranger), augmenter les charges et équilibrer leur comptabilité aux moyens de techniques de plus en plus utilisées pour échapper au contrôle financier et fiscal du pays». En outre, l’étude note que les importations réalisées par la filière 2014 ont intégré une hausse des prix à l’importation de près de 9%, faisant apparaître un «réajustement des prix moyens unitaires des véhicules» passant de 955 165 DA en 2013 à 1,054 million DA en 2014, alors que le taux de change nominal dollar/dinar ne s’est déprécié que de 1,1% entre 2013-2014. «Cette inflation importée et provoquée à travers des ajustements tarifaires mériterait une attention particulière», du fait que la filière automobile enregistre une régression de ses ventes à l’échelle mondiale devant se traduire, normalement, par une baisse des prix à l’importation. Le rapport recommande également une opération de vérification des déclarations douanières (prix, factures déclarées, origine du produit…).

M.O.B

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