La jeunesse en particulier, a laissé de côté ses (grands) soucis pour jubiler, faire la fête et crier haut et fort sa joie dans une liesse populaire. Le magnifique élan de joie, la grande euphorie qui a suivi la victoire de l’EN sont justement révélateurs de ce que la magie du football peut bien faire en ce sens que ce sport-roi a permis, pour une fois, aux joueurs de dépasser leur déception, de surmonter les échecs, d’oublier la crise sociale dans laquelle ils se morfondent. Le mérite des jeunes est donc, avant tout, dans cette nouvelle dynamique que retrouve notre société, cet esprit des victoires, dans une Algérie qui gagne et qui dépasse enfin ses tristesses. Cette victoire est d’ailleurs la dernière qui a pu véritablement mobiliser les jeunes pour qui il s’agit bien d’une première grande joie après une victoire qui s’est particularisée par des massacres et autre climats d’insécurité. Tout ces jeunes ont prouvé à ceux qui ont douté de leur attachement à la patrie qu’ils sont prêts à dépasser leurs soucis quotidiens, à se sacrifier pour les couleurs nationales. C’est pour cela qu’ils méritent bien plus que ce qu’ils vivent actuellement dans un pays qu’ils aiment pour tout d’une folle manière….
“Donnez-nous du travail…!”
Ces jeunes, qui ont pris sur eux le devoir de porter haut le drapeau national, veulent maintenant un retour d’ascenseur, ils réclament des conditions décentes. “Nous avons fait honneur au pays, au Caire, à Khartoum, nous avons prouvé notre amour à cette partie. Les autorités doivent être à nos côtés comme elles l’ont fait durant la rencontre face à l’Egypte. Le pouvoir doit nous donner du travail, c’est tout ce qu’on demande !” nous dit Hacène, rencontré hier à Tizi-Ouzou. Son accompagnateur qui tenait un fanion à l’effigie de l’EN abonde dans le même sens : “Cette jeunesse mérite vraiment mieux que ce qu’elle est en train de vivre. Nous voulons vivre de notre sueur. Nous ne voulons ni charité ni solidarité. Juste un boulot qui nous permettra de vivre décemment”, indique le jeune Madjid.
Le corps enseignant… l’autre souci de réhabilitation !
L’autre frange qui exprime son souhait de se voir réhabilitée est le corps enseignant à tous les niveau. La Coordination intersyndicale de l’éducation a reconduit pour la troisième semaine la grève qui donne l’impression de s’éterniser. Certains enseignants que nous avons interrogés nous ont fait part de leur déception quant à la situation dans laquelle ils évoluent. “Je me demande pourquoi l’Etat qui a vite réagi en débloquant d’importantes sommes d’argent pour l’EN et ses supporter, ne peut pas le faire pour nous. Il y a là mépris envers cette frange qui a pourtant un rôle vital au sein de notre société” nous déclare Amar, enseignant dans un établissement scolaire au centre-ville de Tizi-Ouzou.
Les couche moyenne et l’érosion du pouvoir d’achat…
Pour les couches défavorisés, la victoire de l’EN ainsi que tous les moyens mobilisés autour et pour les Verts relancent bien la polémique que devra jouer l’Etat dans la régulation du circuit économique. L’intervention salutaire du président de la République pour le soutien des prix de billets d’avions vers Khartoum, appelle justement des réflexion sur la nécessaire intervention de l’Etat pour soutenir les prix des fruits et légumes. “Je pense qu’il est temps que l’Etat reprenne son véritable rôle de régulateur afin de limiter l’érosion de notre pouvoir d’achat. Le pouvoir a prouvé sa démarche salutaire qui a permis à des milliers de jeunes de se rendre, dans un temps reccord à Khartoum. Il peut aussi intervenir à ce niveau social, l’essentiel est qu’il ait de la volonté” indique Kamel, la trentaine originaire de Ouadhias. On comprend que la victoire du onze national a eu l’effet de transcender les divergences, l’amour et l’attachement qu’a montrés le peuple algérien prouvent qu’il est dans son droit de revendiquer son droit une vie décente. La balle est plus que jamais dans le camp des autorités…
A. Z.