Des laiteries assiégées à Akbou !

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En grève depuis le début du mois en cours, des éleveurs bovins et producteurs du lait cru, issus de huit wilayas du pays, ont organisé, hier, un rassemblement de protestation devant la zone d’activité Taharacht, dans la commune d’Akbou, où sont implantées quelques laiteries, pour exiger des pouvoirs publics une prise en charge concrète de leurs doléances.

La stabilité des prix du fourrage, l’indexation du prix du litre du lait cru aux coûts de l’aliment de bétail et du fourrage et la mise en application de toutes les circulaires relatives à l’accompagnement de cette filière sont les principales revendications de ces éleveurs. «Nous ne pouvons plus travailler à perte. Les prix du fourrage sont vraiment exorbitants. Une botte d’avoine est à 1 200 DA, une botte de paille est vendue à 650 DA, alors que la semence d’avoine est cédée à 10 000 DA le quintal. Plusieurs éleveurs ont déjà commencé à vendre leur cheptel», tempête un éleveur de la wilaya de Béjaïa. Par ailleurs, ces producteurs du lait cru réclament l’augmentation de l’aide financière que leur octroie l’Etat et demandent une révision à la hausse du prix de revient du litre de lait cru, qui est actuellement à 12 DA. De leur part, les collecteurs de lait cru refusent d’assumer la responsabilité de la crise que traversent les éleveurs de bovins laitiers. «Si la filière de l’élevage bovin et de la production du lait de vache traverse une crise et que les éleveurs endurent des pertes, c’est à cause de la cherté du fourrage, qui ne dépend pas de nous», a expliqué un collecteur du lait cru au profit d’une laiterie de la wilaya. En plus d’un mouvement de grève illimitée, ces agriculteurs ont procédé à la distribution de leur production du lait cru gratuitement à des citoyens qui en désirent. Cette action de protestation, qui tend à s’inscrire dans la durée, risque de provoquer une pénurie de lait sur le marché à la veille du mois de Ramadhan. Par ailleurs, au niveau de la zone d’activité de Taheracht, la filiale de la multinationale française Danone, a été assiégée par de nombreux éleveurs de bovins venus de plusieurs localités de la wilaya de Tizi-Ouzou pour chercher, apprend-on, un «soutien» auprès de cette unité de production de produits laitiers. Les rangs des protestataires commençaient à grossir suite à l’afflux des éleveurs de la région de la Soummam à ce rassemblement. Pour faire entendre leur voix, les éleveurs ont visiblement opté pour Akbou, vu l’importance considérable de la production de ce produit de large consommation. Ensuite, les représentants des éleveurs frondeurs se sont dirigés vers la laiterie Soummam, le géant de la production laitière en Algérie pour, nous dit-on, «essayer de trouver ensemble et en concertation une solution à ces multiples problèmes». «Nous n’avons aucun lien avec leur problème que nous comprenons parfaitement. Ils veulent nous mettre une pression alors que nous n’y sommes pour rien», commente un des cadres d’une unité de production de lait implantée à Akbou. Encadrée par la fédération des éleveurs bovins «viande et lait» de la wilaya de Tizi-Ouzou, les frondeurs ont exprimé leur mécontentement devant le chef de daïra d’Akbou, M. Si Nacer Derradji, et le commandant de compagnie de la gendarmerie de la daïra éponyme. «C’est un énorme problème d’où sa dimension est nationale. Nombreux sont les éleveurs engloutis par ces problèmes. La hausse des prix des aliments de bétail et la mauvaise gestion du PDG de l’ONIL nous poussent graduellement à monter notre ton», fulmine le porte parole des frondeurs en discussion avec le chef daïra et le commandant de la gendarmerie sous un soleil de plomb. Dans une lettre portant le sceau «URGENT», la FEBW tire sur le directeur général de l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL). «Vous avez encore le temps d’éviter de regrettables évènements. Soyez donc à la hauteur de la mission qui vous a été confiée», peut-on lire dans le document dont nous détenons une copie. Les rédacteurs de ce document envoyé rappellent-ils, à toutes les autorités concernées, évoquent l’implication directe des membres des conseils régionaux interprofessionnels du lait en coordination avec l’ensemble des livreurs de lait cru de vache, qui sont, ajoutent-ils, «déjà dans la rue pour exprimer leur désarroi et leur colère».

B.S. / Menad Chalal

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