Le projet de la fibre optique se fait attendre

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Attendu depuis des lustres au niveau des quatre villages d’Amdoun n’Seddouk où les populations souffrent le martyre depuis que le téléphone a cessé de sonner chez eux, le projet de la téléphonie fixe de type fibre optique tarde à être réalisé.

Annoncé depuis des années, le projet est au stade du lancement d’un avis d’appel d’offres national ouvert portant le numéro 01/dot/dt/2015, par la direction opérationnelle des télécommunications de Béjaïa, en date du 07 juin 2015. L’avis d’appel d’offres porte sur une offre technique et une offre financière. La date limite de dépôt des soumissions est fixée à 15 jours avant midi à compter de la date de parution de l’avis d’appel d’offres. Il est utile de rappeler que le douar d’Amdoun n’Seddouk avait un réseau de téléphone fixe depuis 1993. Les voleurs ont subtilisé le câble de la ligne principale en 2001 et depuis, l’Actel n’a pas daigné le remplacer de crainte qu’il ne soit volé de nouveau. Un motif qui tient pas la route à vrai dire, du fait que tous les réseaux de téléphone fixe sont réalisés à travers des champs isolés et sont donc à la merci des voleurs. En 2005, cet organisme étatique a mis en service un système de téléphonie à distance, appelé le WLL. Si des abonnés ont bénéficié des appareils qui se vendaient librement pour l’utilisation du téléphone seulement, car pour l’internet, seuls quelques privilégiés qui se comptaient sur les bouts des doigts ont pu avoir le sésame. Des centaines de citoyens ont effectué des demandes dans l’espoir de décrocher des appareils flashés pour l’utilisation de l’internet, mais en vain. Ils auront droit seulement et à chaque fois, à cette réponse qui revenait à leurs oreilles comme un répondeur automatique : «le BTS de Benidjemhour est saturé et ne peut plus supporter la délivrance de nouvelles lignes». Vers la fin de décembre 2012, l’Actel d’Akbou a dépêché toute une équipe au douar d’Amdoun n’Seddouk pour prospecter un terrain adéquat aux fins de construction d’une loge pour l’installation des équipements y afférent à ce projet. Les villageois ont mis à la disposition de cette commission un terrain que ses membres ont choisi eux même. Il se trouve au village Tibouamouchine, jugé comme le centre des trois autres villages de ce douar. Trois ans après, bureaucratie quand tu nous tiens, le projet arrive à un avis d’appel d’offres. Des notables et des personnes voulant avoir l’internet de type ADSL dans leurs foyers, n’ont cessé de frapper aux portes de l’Actel à tous les niveaux et ils butent sur des oreilles de sourds, aussi bien les responsables de l’Actel que les autorités locales qui n’ont absolument rien fait pour le rétablissement de la ligne d’un réseau principal d’une distance d’environ trois kilomètres seulement, – c’est le trajet entre la ville de Seddouk où se trouve le central téléphonique et le douar d’Amdoun n’Seddouk-. Les étrangers qui se rendaient au mausolée de Cheikh Aheddad ne croyaient pas leurs yeux en constatant la défection du téléphone fixe dans cette région. Autrement dit, comment expliquer qu’une communauté de l’ordre de 8 000 habitants soit négligée durant plus d’une décennie à cause d’une réparation d’une ligne téléphonique de faible distance. Les responsables de l’association Azar ont poussé leurs démarches jusqu’au ministère des Télécommunications mais en vain. Un malheur ne vient jamais seul, dit l’adage. La 4G arrivera dans la commune de Seddouk prochainement, mais seule la ville en bénéficiera, alors que l’ADSL y est en service depuis une dizaine d’années. En conclusion, le terrain devant recevoir les équipements existe, le projet de même mais le retard mis dans sa réalisation est effarant. A qui se plaindre ? Telle est la question que se posent les jeunes internautes du douar d’Amdoun n’Seddouk pour qui la guigne qui leur colle à la peau ne veut pas les lâcher tant qu’ils parcourent des kilomètres pour rallier la ville de Seddouk, où existe une dizaine de cybercafés et ce, pour surfer sur la toile, perdant ainsi du temps et de l’argent. Des fois, quand ils sont bercés par la connexion et les fourgons cessent de desservir car c’est la nuit, ils risquent leurs vies en rentrant à pied par des chemins battus à travers les champs. Les disparités entre la ville et les villages existent toujours à Seddouk, une commune dominée pourtant par les ruraux qui ont donné un lourd tribut durant la révolution mais qui sont considérés comme des parents pauvres. Pourtant, la ville doit son existence aux colons français qui l’ont fondée à leur arrivée. Aujourd’hui, elle est habitée par des gens dont la plupart oublient qu’ils sont descendus de ces montagnes qui ont tout donné pour ce pays. Le grand poète kabyle Ait Menguellat l’a si bien dit dans l’une de ses chansons : un aigle quand il descend de sa montagne vers la vallée, il n’est plus considéré aigle mais seulement un simple oiselet.

L.Beddar

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