«L’UDR refuse la réconciliation avec ceux qui parlent de djihad»

Partager

S’adressant à une assistance composée également de sympathisants de l’UDR, Amara Benyounès a donc, tout d’abord, évoqué l’accueil triomphal donné par le peuple au chef de l’Etat, de retour au bercail après son hospitalisation qui a duré presque un mois dans l’hexagone.L’actualité politique fut, le moins qu’on puisse dire tumultueuse durant “l’absence” du premier magistrat du pays. “Pratiquement contradictoires, les déclarations des représentants de l’alliance présidentielle — s’ajoutant aux commentaires de certains journalistes sur l’état de santé du président de la République étaient loin de rassurer l’opinion”, a indiqué le chef de file de l’UDR.Dans ce tumulte, certains ont parlé de l’après-Bouteflika, comme ce fut le cas, en 2002. Et ils accentuaient, ainsi, l’inquiétude de la population. “Notre formation, quant à elle, s’en tient aux propos du président lui-même et à l’avis de son médecin ayant tranquillisé les citoyens”, a souligné l’orateur. Tout en réitérant le soutien de son parti au programme présidentiel, il abordera ensuite le sujet portant sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale, plébiscitée le 29 septembre dernier.Les textes d’application de ladite charte sont attendus pour réinstaurer définitivement la paix, condition essentielle pour l’avènement d’un mieux-être social. Pédagogiquement, l’orateur insistera dans cette optique sur deux volets : l’un concerne la prise en charge des personnes lésées durant la tragédie nationale et l’autre — à caractère répressif — induisant l’interdiction de toute activité politique aux militants de l’ex-FIS, un parti coupable de crimes contre l’Etat et la société.Mais voilà, s’offusque l’orateur, qu’un Madani Mezrag reconnaît les crimes qu’il a commis, avoue avoir torturé des Algériens et dit ne rien regretter, sans qu’il craigne d’être traduit devant les tribunaux. Plus inquiétant encore, la classe politique n’a guère eu de réaction contre cet ex-chef terroriste qui relate avec le détail des circonstances l’atrocité de ses crimes, les souffrances cruelles qu’il faisait subir à ses victimes (djounoud).“L’UDR refuse la réconciliation avec ceux qui parlent de djihad contre la République et les citoyens”. Réplique assénée par le conférencier pour se démarquer, bien sûr, et du bloc islamiste et de ses relais, qui demandent des concessions de l’Etat pour la réhabilitation de l’ex-FIS, et des autres partis (démocratiques) qui font la fine bouche devant l’arrogance de l’ex-émir sanguinaire de l’AIS.“Si les forces obscurantistes reviennent sur la scène politique, le pays va replonger dans la guerre civile”. Et prenons garde : la victoire militaire sur le terrorisme ne doit pas être transformée en défaite politique de la République. D’une voix forte, le secrétaire général de l’UDR répète comme à son habitude ses phrases-clés. Analysant un peu plus loin, le résultat de l’élection partielle en Kabylie du 24 novembre 2005, il dira avec une pointe de malice que “cette fois-ci, la Kabylie avait réellement boycotté les urnes”, puisque 70% des votants potentiels s’y sont abstenus. Cela illustre, selon l’orateur, le manque de confiance de la population vis-à-vis des partis politiques, qu’ils soient dans l’opposition ou dans l’alliance présidentielle. Et certains partis toujours sous la tutelle du zaïmisme — allusion faite au RCD et au FFS — qui ont refusé au départ l’idée d’alliance, se mettent maintenant — ici et là — à nouer des contacts avec d’autres formations suite à la quasi-absence de majorité absolue lors du dernier scrutin. “Et ils appellent cela opération arithmétique tout juste pour tenter de montrer qu’ils tiennent parole”, relève-t-il toujours avec ironie.Ces partis ont montré, a-t-il ajouté, leur incapacité dans la gestion des élites de la société et la prise en charge des préoccupations des citoyens lorsqu’ils ont eu le pouvoir entre leurs mains.Représenté actuellement dans toutes les wilayas du pays, l’UDR qui va se structurer dans les daïras et communes se concentre sur la finalité “de la politique autrement”.Menée par des responsables — démocratiquement élus au niveau des différentes instances du parti —, celle-ci s’engage concrètement à faire réussir les réformes engagées depuis l’arrivée de Bouteflika, en matière économique, sociale, éducative et juridique. Dans ce contexte, le premier responsable de l’UDR, indiquera qu’on ne peut être contre la mondialisation. Ce fait est clair. Mais l’on doit savoir comment bâtir le projet économico-social du pays et s’adapter à cette réalité universelle.L’UDR, par la voix de son secrétaire général, promet à titre d’exemple, au cas où il obtiendrait la majorité parlementaire, d’instituer aussitôt le week-end universel — pour ne plus travailler seulement trois jours par semaine — comme c’est le cas actuellement, et d’abroger le code de la famille qui a tiré la société vers l’arrière. Amara Benyounès plaidera, en gros, pour une revalorisation des salaires des fonctionnaires, notamment ceux des enseignants et la facilitation de l’investissement aux jeunes. Les centaines de milliards accordées par les banques algériennes à certains groupes économiques, qui ont finalement échoué, peuvent largement suffire, a-t-il estimé, a créer des centaines de micro-entreprises. “Consigne impérative, préparer dès maintenant les échéances électorales de 2007, d’autant que nous obtiendrons d’ici peu notre agrément”…

Salim Haddou

Partager