Les boissons gazeuses et la zlabia en perte de terrain

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Il n’y a pas très longtemps, bien avant le mois du Ramadhan, les familles tentent de rassembler toutes les bouteilles de limonade qui traînaient jusque-là pour y constituer un cageot afin de le remplir à chaque fois qu’il se vide d’autant plus que ce liquide était plus que

nécessaire pour faire un bon repas, alors qu’à présent tout a changé. «Effectivement, pour tous les villageois de la localité il n’y avait pas un ftor sans une ou plusieurs bouteilles de limonade de différentes couleurs, sur leur table et on n’hésitait pas à aller en chercher du plus loin possible si on ne trouvait pas chez le commerçant du village», nous raconte Aami Slimane, un retraité qui dit avoir bu tant de quantité de ce breuvage gazeux coloré mais qui, ces dernières années, n’en prend plus. «C’est vrai que le mode de vie a beaucoup changé et l’information aidant ainsi que les campagnes de sensibilisation sur les dangers que provoquent ces boissons qui ne respectaient aucune règle d’hygiène a fait que les citoyens font beaucoup plus attention à ce qu’ils consomment», ajoutent notre interlocuteur. En effet, selon les commerçants interrogés, il s’est avéré que la consommation des boissons gazeuses, soit en ce qui concerne les grandes marques réputées qui ne lésinent pas à dépenser en publicité des sommes colossales pour accaparer l’attention des consommateurs, par différentes voies et moyens, ou celles fabriquées par des privés de la wilaya qui ont beaucoup régressé au cours de ces dernières années. «Les familles n’achètent plus et ne consomment plus de la limonade comme auparavant pendant le mois de Ramadhan, non pas que leurs prix soit assez élevés pour celles dont le revenu reste modeste, surtout en ce qui concerne les grandes marques étrangères, mais même celles fabriquées en Algérie et dont la qualité rivalise avec les premières nommées ne font pas recette également», nous confie plusieurs commerçants. Par ailleurs, un autre mets qui était très prisé par nos montagnards continue d’enregistrer, d’année en année, sa descente aux oubliettes. Il s’agit de la fameuse «zlabia» dont la fabrication était restée secrète comme s’il s’agissait d’une fusée nucléaire. «Auparavant, on ramenait la zlabia de Tizi-Gheniff. Elle était fabriquée par un tunisien qui revenait chaque année, pendant le Ramadhan, mais après un certain temps, tout le monde s’était mis à en fabriquer. Et les citoyens n’arrivaient pas à retrouver ni la qualité ni le goût de ce mets alors sa fabrication et sa consommation ont périclité pour ne plus attirer aucune attention alors que les familles se sont tournées vers d’autres choses», nous déclarent plusieurs chefs de familles qui n’ont pas hésité à ajouter que les pouvoirs publics ont joué un grand rôle également en interdisant sa fabrication aux commerçants occasionnels de ce mois de Ramadhan. En outre, plusieurs citoyens nous ont fait remarqué que dans de nombreuses familles, certains de leurs membres sont atteints du diabète ce qui pousse les autres à ne pas en consommer pour ne pas

provoquer l’envie des malades. «Il faut reconnaître que même dans ces montagnes, la façon de vivre et de consommer a beaucoup changé et le niveau culturel avec des universitaires dans chaque famille ainsi que tous les moyens d’informations font que tout le monde est non seulement conscient de ce qu’il met dans son ventre mais également des dangers qu’il encourt», nous déclare cet enseignant qui nous rappelle la journée d’information et de sensibilisation organisée dernièrement à M’Kira et qui avait été animée par des spécialistes dont le thème justement avait traité de la chrono-alimentation pendant le mois de Ramadhan.

Essaid Mouas

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