Depuis l’avant première du film retraçant la vie du chahid Fernane Hanafi «Force de convaincre, rage de vaincre», projeté lors des trois jours de commémorations de sa mort, le public ne parle que de ce court-métrage de 52 mn.
Une réalisation de la petite nièce du chahid, Fernane Djamila, et du journaliste Moussa Tertag. Ce film nous fait découvrir, soixante ans après sa mort, la valeur de ce guerrier qui est malheureusement inconnu de la nouvelle génération. Ce court métrage a pour ambition de remédier à cela. Nous avons pris attache avec ses deux réalisateurs qui nous ont accordé un entretien.
La Dépêche de Kabylie : Comment l’idée de réaliser un film sur Fernane Hanafi vous est-elle venue ?
Djamila Fernane : En fait, c’est depuis toute petite que j’ai en tête de faire quelque chose dans ce sens. C’est-à-dire, rendre à ma façon un hommage à Fernane Hanafi. Surtout en voyant que personne ne le citait ou parlait de lui. Mais j’étais loin de m’imaginer que j’allais faire un film documentaire.
Comment imaginiez-vous alors lui rendre hommage ?
Comme je ne suis ni scénariste ni réalisatrice, mais plutôt économiste et écrivaine, forcément, la première idée fut l’écriture d’un livre. D’ailleurs, j’avais même entamé le travail.
Qu’est-ce qui vous a poussée alors à aller vers le film
documentaire ? En fait, c’est le hasard qui, encore une fois, a bien fait les choses. C’est lors d’un colloque sur l’environnement que j’ai croisé le chemin de Moussa Tertag. Je lui ai fait part de mon idée et il y a aussitôt adhéré. Puis nous avons entamé le travail.
Moussa Tertag : Ce fut un honneur pour mois de contribuer au projet et de faire connaître ce grand homme. Il faut rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu.
Comment vous y êtes-vous pris pour trouver les informations nécessaires pour votre documentaire ?
Moussa Tertag : Bien entendu, vu qu’il n’y avait presque aucun écrit qui parle de lui, la tâche s’annonçait très difficile. Mais pas impossible !
Comment avez-vous donc fait ?
Dès le départ, nous avons su qu’il fallait s’appuyer sur les témoignages des personnes qui l’ont directement connu et travailler avec eux.
60 ans après sa mort, c’est-à-dire après le 18 juin 1955, comment avez-vous pu trouver ces personnes ?
En réalité si nous avions attendu encore un peu plus, nous aurions eu du mal à concrétiser le travail. En effet, la plupart des gens qui ont connu ou côtoyé Fernane Hanafi étaient morts. Et ceux qui restaient ont perdu la mémoire ou étaient dans l’incapacité de témoigner. Quelques années de plus et ce film n’aurait jamais pu voir le jour. Mais, mieux vaut tard que jamais. Et tous ceux que nous avons sollicités furent heureux et n’attendaient qu’une occasion pour livrer leurs témoignages sur Fernane Hanafi. Il y eut Nna Thassadith, une parente du chahid, Ali Yahia Abdenour, Amar Driss (ancien pensionnaire des geôles coloniales), Hocine Ben Hemza, ou encore Djaffal (chargé de la compagne électorale du MTLD-Tizi-Ouzou).
Quel était votre objectif exact à travers ce documentaire ?
Djamila Fernane : Nous ne voulions pas seulement nos pencher sur le parcours du martyr, mais également retracer son enfance et parler de l’Histoire d’Ath Irathen, (ex-Fort-national), dernière ville du pays à tomber aux mains de l’armée française, en 1957.
Tertag Moussa : Pour cela nous n’avons pas eu beaucoup de difficultés. Nous avons fait appel aux archives nationales qui ont été mises à notre disposition.
Le film a enfin été achevé. Quelles sont vos impressions ?
Djamila. F : C’est surtout un soulagement, mais également une satisfaction. J’ai l’impression d’avoir accompli quelque chose de formidable. Un projet auquel ma famille, mon village et toute la région tenaient. Ce film a apporté beaucoup de choses pour moi et ma famille. D’abord une biographie pour tous ceux qui veulent faire des recherches, mais il a aussi permis de refaire la tombe du chahid.
Et vous Moussa Tertag, quelles sont
vos impressions après l’aboutissement du film ?
En fait et en toute sincérité je suis content et fier d’y avoir contribué avec ma petite pierre. Et puis, à travers ce travail, j’ai pu moi-même découvrir le rôle de ce grand homme et les sacrifices qu’il a consentis pour son pays.
Pouvez-vous nous nous dire la date de sortie et de la mise sur le marché de ce film ?
Tertag : Tout ce que je peux vous dire c’est que le film est prêt et le public le découvrira dans très peu de temps.
Votre dernier mot ou peut-être un message à passer ?
Djamila F : Je peux vous assurer que ce n’est pas mon dernier film. Il y a tellement de grands hommes et femmes de la région que je compte faire sortir de l’oubli. Eux ils ont fait l’Histoire et nous, nous devons l’écrire.
Ce film documentaire se veut un hommage à Fernane Hanafi, mais aussi un appel à tous ceux qui ont la capacité de faire germer et restaurer la mémoire collective quant à ces hommes qui ont fait l’Histoire, à l’image de Fernane Hanafi, mais qui sont malheureusement tombés dans l’oubli.
Y.Z