Rien n’est plus légitime que d’aspirer à une soirée conviviale, faite d’échanges et de détentes après une rude journée de jeûne sous une chaleur torride et une faim qui tord les entrailles. Hélas, ce simple souhait semble être contrarié par l’absence de tout programme ou animation culturels au niveau de la commune de Timizart, daïra d’Ouaguenoun. De facto les soirées sont aussi ternes que les journées et l’ennui est la seule donnée qui rode sans aucune contrainte sur les lieux. Pourtant, dans un passé récent, moult activités étaient au menu par le biais de l’association culturelle Youcef Ou kaci et accessoirement celle d’Amnay d’Abizar, à la grande joie des citoyens de la commune. Grâce au dynamisme des deux associations, le théâtre, la chanson, la projection de films et la poésie avaient droit de cité à travers les villages de la municipalité. De ce fait, des artistes de renom se sont produits dans la commune, à l’image de Medjahed Hamid, Ali Amrane, Oulahlou, Ali Idefwalen, Dahmani Belaid,… Même Lounis Ait Menguellet fut l’hôte de la région. Cela sans parler des grands comédiens qui ont assuré des spectacles devant un public conquis et admirable, à l’image de l’acteur connu et consacré par la pièce «babour ghrek» de Slimane Benaissa, le fameux Omar Benguendouz. Mais, depuis, les deux associations précitées ont presque mis la clé sous le paillasson et relégué aux oubliettes les promesses de continuités. Depuis deux années, aucune activité digne de la réputation des deux associations n’est venue défrayer la chronique. Même le célèbre Festival de poésie «Si Mohand Ou Mhand et Youcef Ou kaci» qui a fait la réputation de la région par sa qualité tant sur le plan organisationnel que sur celui du niveau des activités proposées, n’est plus qu’un vieux souvenir. «Les raisons qui ont conduit à cet état de fait sont d’ordres objectifs et subjectifs», nous dira H. A., en sa qualité de secrétaire de l’association culturelle Youcef Ou kaci. Et d’enchaîner : «Pour ce qui est des raisons subjectives, on dira simplement que les membres du bureau ont lâché prise, car comme chacun le sait, leur travail était surtout bénévole, et le bénévolat a ses limites. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont fait que dès le départ, nous avons plaidé pour la dotation de ces journées d’un commissariat à même de les organiser d’une manière officielle chaque année. Hélas, malgré les promesses des uns et des autres, la chose n’a pas pu se concrétiser. Las, les membres de l’association se sont dispersés dans la nature. Quand aux raisons objectives, elles tiennent surtout de l’absence d’infrastructures aptes à contenir une manifestation de cette dimension, laquelle regroupe plus de 200 participants et reçoit des milliers de spectateurs. Il est dommage de constater que jusqu’à présent, les autorités locales n’ont pris aucune initiative pour doter la commune de salles de fêtes dignes des nombreux artistes que compte la région». A tort ou à raison, les activités culturelles se sont «rétrécies» comme une peau de chagrin, privant ainsi les amoureux de la culture de leurs ingrédients favoris. Retombée dans la routine, la commune n’a plus que les éternels jeux de dominos, lotos, cartes,… à offrir à la population. Pour les plus chanceux, les soirées ramadhanesques sont une occasion pour effectuer des virées vers Tigzirt, Azeffoun, Azazga et parfois Tizi-Ouzou, afin d’assouvir cette soif de détente mais aussi profiter de certains spectacles programmés par la Maison de la culture de Tizi-Ouzou ou son annexe d’Azazga. «Beaucoup de gens nous reprochent d’avoir abandonné le Festival de poésie Youcef Ou Kaci et Si Mohand Ou Mhand pour la simple raison que ces journées culturelles apportaient un changement à la vie quotidienne de nos concitoyens, surtout pour les femmes, qui par ce bais, pouvaient enfin voir du théâtre, écouter de la poésie, savourer un gala,…Mais comme le dit un proverbe bien de chez nous : «notre ambition est grande mais le cœur est en défaillance» ! On ne peut que regretter cette absence, et espérer la relance de nos activités le plus tôt possible», nous dira D. O., trésorier de l’association Youcef Ou Kaci. Toujours est-il qu’à l’image de l’année écoulée, cet été aussi risque d’être fort ennuyeux pour l’ensemble de la population de la commune, vu que rien de concret ne se profile à l’horizon.
A.S. Amzigh