Le coup d’envoi de la campagne moisson-battage a été donné cette année par le locataire d’une EAC située au cœur de la plaine d’Oughazi.
Depuis le début de la semaine écoulé les lieux mitoyens de la ville de Raffour, en bordure de la RN15, renouent avec l’animation des grands jours, avec des moissonneurs qui s’attaquent au tapis uni de blé dur, suivis de botteleuses qui prennent en charge la paille, de tracteurs agricoles équipés de remorques sur lesquelles s’entassent les sacs de blé de la récolte et enfin de camions appartenant à des éleveurs de cheptels, lesquels quittent les lieux chargé de bottes de paille. L’agriculteur propriétaire de cette campagne, Mr Boukrif Hamadache en l’occurrence, nous apprendra que ce sont 40 hectares qui ont été semés de blé dur de l’espèce CIRTA, une variété locale de premier choix. Notre interlocuteur se désole du faible rendement cette année à cause d’une sécheresse persistante et une faible pluviométrie enregistrée durant les mois de mars et Avril. Un rendement estimé à 12 quintaux à l’hectare alors que durant une bonne saison, il frôle les 50 quintaux sur la même surface. Notre interlocuteur affirme que la campagne cette année est catastrophique, d’autant plus que le calibre des grains rachitiques est à son plus bas niveau à cause de la sècheresse et la canicule enregistrées, lesquelles ont été à l’origine d’une maturité précoce des épis, ce qui revient à conclure que le prix de la vente atteindra la plus basse échelle bien que les négociations pour la fixation de ces prix ne sont pas encore entamées avec les organismes acquéreurs, qui sont nomment la CCLS. Le pauvre agriculteur qui affiche des signes d’abattements et de découragement est catégorique : «nous avons travaillé à perte cette année», soulignera t-il, sachant que les dépenses y afférentes à cette campagne sont les mêmes que les années précédentes. En effet, les prix de location du matériel agricole sont exorbitants. Louer un tracteur durant l’opération des labours et emblavement revient à raison de 1 200 DA/l’heure, sachant que l’engin met pas moins de 8h par hectare. Les moissonneuses interviennent à raison de 3 500 DA/ l’heure, ceci en plus des botteleuses dont les horaires sont de l’ordre de 60 DA la botte de paille. La semence a été acquise à 4 800 DA le quintal en plus des engrais qui reviennent à 5 000 DA le quintal et enfin l’irrigation payée aux forfaitaires, à raison de 20 millions de centimes pour un trimestre.
Une aubaine pour les «éleveurs riverains»
Ceux qui tirent un profit non négligeable du démarrage de cette campagne de moisson-battage sont sans conteste les éleveurs du cheptel, toutes espèces confondues : bovins, ovins et caprins. Les riverains de ces surfaces semées de blé prises en sandwich entre Raffour et Vou-Aklane, les deux plus importantes agglomérations de la commune de M’Chedallah où s’est concentré le gros de l’élevage du cheptel, ont pris d’assaut les surfaces moissonnées sachant que les lames de machines coupent les épis à quelque 20 cm de la surface du sol laissant une importante pitance pour les animaux, qui rentrent le soir repus non seulement des restes de la paille mais aussi étant dans une période d’embouche et d’engraissement non négligeable et à moindre frais pour les éleveurs, sachant que les épis cassés ou allongés par le vent avant le passage des machines et ceux qui s’échappent d’entre les lames sont abandonnés sur place et constituent un aliment de bétail des plus nutritifs.
Ce qui revient à dire que la récolte n’est pas perdue pour tout le monde et que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Notons enfin que la même campagne de moisson-battage est lancée au même temps, au niveau de la ferme pilote mitoyenne, que celle de la pomme de terre. Malheureusement, toutes nos tentatives pour joindre le gérant afin de nous donner le bilan de cette double campagne menée en parallèle sur les 180 hectares de cette exploitation se sont avérées vaines, du fait de son continuel déplacement pour diverses formalités administratives et autres démarches qui entourent cette activité. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions…
Oulaid Soualah