Si les matinées sont relativement calmes au centre-ville de Aïn El Hammam, en revanche, les après-midis s’étalant jusqu’au ftour, sont plutôt mouvementées. Comme une colonie d’abeilles, les pères de familles occupent leur temps à «butiner» de magasin en magasin. Le Ramadhan est toujours porteur de nouveautés pour eux, comme pour les nombreuses boutiques qui foisonnent à pareille période.
Les commerçants s’adaptent à la nouvelle situation, non sans en profiter pour engranger de substantiels bénéfices.
Certains produits, bien que courants dans certaines régions, ne réapparaissent à Aïn El Hammam qu’à la faveur du mois sacré. Ainsi, les bouchers, habitués à ne vendre que la viande bovine, se lancent dans la viande de mouton, étalée bien en évidence, pour allécher les amateurs de chorba. «Finalement, contrairement aux idées reçues, les gens de la région consomment également de la viande ovine», lance un consommateur venu s’en approvisionner. Les habitudes alimentaires changent, peu à peu, en effet. À l’entrée des superettes et des épiceries, les paquets de «dioul» sont exhibés à portée de main. Les ménagères en achètent sans retenue, même si on sait que le fameux bourek est loin de faire partie de nos plats traditionnels.
Le mois de carême est si différent que même les galettes kabyles qu’on ne faisait à l’époque qu’à la maison, se vendent comme des petits pains, dans tous les magasins. Les échoppes de Zlabia, Kelb elouz et autres victuailles ont poussé subitement à tous les coins de rue et concurrencent l’inamovible «Tounsi» qui semble, toutefois, avoir toujours la côte, auprès de ses habituels clients. Le soir, malgré cette abondance, les chaînes pour le lait laissent place à celles, plus nombreuses, pour les pâtisseries orientales. Pour être servi, il faut attendre parfois une demi-heure. Normal, lorsqu’on sait que pour certains, un ftour sans limonade, Zlabia et autres n’en serait pas un. Les consommateurs doivent, de ce fait, s’adapter, eux aussi, à ces nouveautés conjoncturelles. Le carême oblige, on ne peut se permettre de rentrer chez soi, comme lors des autres jours, les bras ballants. On fait la tournée des magasins pour «acheter», comme tout le monde. On ne s’embarrasse pas des prix. Mais comme on dit : «abondance de bien ne nuit pas». Pourvu que les bourses des consommateurs tiennent le coup.
A.O.T.
