Une malencontreuse coquille typographique a altéré le sens du paragraphe du milieu de la troisième colonne de notre article intitulé “La nouvelle : fortune et ambivalence d’un genre”, publié dans notre supplément littéraire du jeudi 19 janvier 2005. En effet, au lieu de “sortie” et de “sottise”, il fallait lire “sottie”. Mouloud Mammeri a écrit une sottie en trois tableaux sous le titre “La Cité du soleil”, publiée en annexe à l’entretien qu’il avait accordé à Tahar Djaout en 1987, édité par Laphomic.Le larousse définit la sottie comme étant “un genre dramatique médiéval qui relève de la satire sociale ou politique”.La “Cité du soleil” de Mouloud Mammeri est une belle farce étalée sur 31 pages où le tragique le dispute à l’ironie pour exprimer une réalité sociale et politique fuyante et complexe mue par des jeux d’intérêts, de sérail, de soumission et d’hypocrisie. Le texte tient à la fois de la technique théâtrale et de l’esprit de la nouvelle.Nicole Quentin-Maurer, dans l’Encyclopedia Universalis, explique le jeu de la sottie : “Au 15e siècle, courte pièce satirique interprétée par une compagnie locale, les Sots, qui arboraient leurs costumes traditionnels : un pourpoint court, mi-vert, mi-jaune, des chausses collontes, et sur la tête un bonnet d’âne.
L’univers de la sottieLes acteurs qui tenaient en main la marotte des fous, agitaient les grelots et émaillaient leurs plaisanteries d’acrobaties et de clowneries diverses.”Armand Strubel, quant à lui, analyse la pédagogie de la sottie dans le “Dictionnaire des littératures de langue française” (Bordas- 1986, page 2190), en ces termes : “Utilisée souvent comme levée de rideau de représentations plus vastes (mystères ?), elle se situe au degré zéro de la construction dramatique, oscillant entre la folie libératrice des jeux de langage (menus propos qui cultivent l’absurdité, l’incohérence systématique, le calembour, le coq-à-l’âne, la fausse logique, l’accumulation délirante, par homophonie et allitération, comme dans la fatrasie, le tout accompagné de gambades et de pirouettes avec une propension marquée à l’obscénité) et la revue satirique d’actualité(…)le “sot” est habilité à dire la vérité à tous, surtout aux grands, car il est en dehors de la société”.La différence, ou plus exactement la nuance, entre la farce et la sottie se situe quelque peu au niveau du “destin” qui frappe ou emballe les acteurs, lesquels se trouvent immergés dans un rire d’évasion. Dans la première, une sorte de justice immanente surgit, ne fût-ce que par l’intervention d’un deus ex machina, de façon à ce que le petit ait quand même sa chance dans le monde, tandis que la sottie évolue dans un univers de folie collective, autant dire un chaos fatal.
Amar Naït Messaoud