La gouvernance numérique marque le pas

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L’économie numérique et le développement général des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) sont loin de pouvoir se suffire des infrastructures et équipements, dans lesquels notre pays a fait de grands progrès. Avec tous les investissements publics effectués dans le cadre des plans quinquennaux portant sur le domaine- extension de la fibre optique, raccordement de plusieurs milliers de foyers au téléphone fixe qui permet la connexion à Internet, l’introduction de la quatrième génération avec le fixe sans fil, le raccordement des mairies, daïras, écoles, lycées,… etc., au réseau Internet- ajoutés aux progrès des opérateurs de la téléphonie mobile qui ont permis l’introduction de la 3G à partir de décembre 2013, l’on ne peut avancer que l’Algérie soit un pays au diapason des NTIC telles quelles sont intégrées dans les grandes économies mondiales (pays industrialisés et pays émergents). Le classement opéré par le Global Information Technology (GIT) pour l’année 2014 situe l’Algérie, dans le domaine de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication, à la 129e place dans le monde (16e rang en Afrique). Les objectifs contenus dans le grand rapport intitulé « e-Algérie 2013 », élaboré par des experts algériens en 2008 pour le compte du gouvernement, et se voulant à la fois comme feuille de route et comme ambition nationale dans ce domaine, sont visiblement loin d’être atteints. L’accès de plus en plus démocratisé à la connexion internet, par le système résidentiel ou mobile, ne s’est reflété dans le monde économique et dans l’administration que faiblement. En d’autres termes, la partie ludique et de loisir semble avoir le dessus sur les usages que réclament les services publics et le développement économique. Et c’est à juste titre que la jeune nouvelle ministre de la Poste et des technologies de l’information et de la communication, Imane-Houda Feraoun, a tenu, jeudi dernier, lors de sa visite à Sétif, à exhorter les jeunes algériens et le secteur de l’enseignement supérieur à « développer le contenu algérien sur le web ». C’est indubitablement là un des fondements qui permettent de connaître l’impact des grands investissements, publics et privés, dans le domaine de la communication sur la vie sociale, économique et culturelle du pays. Le contenu du web tarde à être doté comme il se doit de la matière algérienne. Hormis les réseaux sociaux, quelques blogs personnels, les sites de journaux, l’économie algérienne- via les entreprises, les bureaux d’études, les fournisseurs, les grands magasins- peine à créer cette vie numérique truculente qui anime les économies développées. En s’adressant spécialement au secteur de l’enseignement supérieur, la ministre touche du doigt un secteur sensible, supposé être à l’avant-garde du développement et de l’amélioration du contenu web algérien. Actuellement, hormis certaines monographies d’universités, quelques mémoires et thèses téléchargeables gratuitement- d’où, d’ailleurs, les risques réels de piratage et de plagiat, comme on en a vu au cours de l’année 2014-, il est difficile de trouver des contenus pédagogiques, techniques, importants, relevant du service public, avec l’interactivité en vigueur dans d’autres pays. Il y a même des structures de formation, publiques et privées qui limitent malheureusement leurs ambitions à une… page facebook ! Sur plusieurs autres volets liés à l’économie numérique et ne dépendant pas nécessairement du web, l’Algérie demeure en retard. La mise en réseaux locaux, au sein même des unités de production ou des administrations, l’installation du réseau intranet, la numérisation des données techniques (bilans, statistiques,…), la création de bases de données pour des programmes de développement, l’emploi de logiciels du système d’information géographique (SIG), avec dotation d’appareil GPS pour les organises potentiellement utilisateurs (administrations du cadastre, conservations foncières, services de l’agriculture et des forêts,…), tous ces outils et instruments de progrès, qui font gagner du temps et de l’énergie dans un contexte de mondialisation effrénée, sont perçus comme une sorte de « luxe », et sont souvent mal évalués dans leur impact sur le développement et la croissance économiques. Et dire que notre pays a conçu des plans de développement quinquennaux qui ont englouti plus de 600 milliards de dollars. Comme l’ont suggéré et proposé certains experts algériens- dont le Dr Abdelhak Lamiri et le professeur feu Abdelmadjid Bouzidi- dès le démarrage de ces plans, l’Algérie aurait pu investir une partie de cet argent dans la formation de la ressource humaine aux techniques de management et aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le résultat des courses, aujourd’hui, est que des investissements colossaux ont été accomplis dans le domaine des NTIC. Mais, ce sont surtout des infrastructures et des équipements qui manquent de contenu, autrement dit, dont la rentabilité demeure discutable. La ministre de la Poste et des technologies de l’information et de la communication promet de renforcer les infrastructures et les technologies permettant d’augmenter le débit internet. Néanmoins, la généralisation de l’économie numérique et l’utilisation optimale des NTIC dépend de tous les secteurs d’activité (différents ministères, universités, bureaux d’études, entreprises de production ou de services, médias, administration publique,…).

Amar Naït Messaoud

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