Même s’ils ont toujours hanté les rues de la ville de Aïn El Hammam, les mendiants n’ont jamais été aussi nombreux que durant ce mois de carême. Comme s’ils devaient profiter de la clémence des gens en ces jours de piété, ils se font de plus en plus insistants, tenant des discours à vous fendre le cœur.
Aux habituels demandeurs de charité que nous rencontrons aux quatre coins de la ville, s’ajoutent de nouveaux venus. La rue du premier Novembre, le centre-ville ou l’entrée de la mosquée semblent être des endroits prisés par les nécessiteux. «Le sont-ils tous ?», se demandent les habitants qui doutent de la sincérité de certains d’entre eux, venus on ne sait d’où. Ils arrivent le matin, prennent place et disparaissent, comme par enchantement, avant la tombée de la nuit.
Nous connaissons les pauvres de la région. Deux ou trois seulement font la manche. Ces derniers jours, de nouveaux venus sont apparus sur la grande rue. De jeunes adolescentes, des Syriennes, nous dit-on, sont apparues sur la grande rue. Le sac en bandoulière, elles profitent de la lenteur de la circulation pour tendre la main, avec insistance, aux automobilistes pris dans un embouteillage. Comme partout ailleurs, les donateurs ne sont plus légion.
Si certains offrent une pièce, d’autres qui «en ont vu d’autres» ferment carrément les vitres de leurs automobiles. Le sujet, si sensible, de la présence de ces étrangers à la région fait jaser plus d’un, au point de faire douter certains quant à la pauvreté de quelques personnes, encore jeunes, qui profitent de la crédulité des citoyens au bon cœur. Nous ne sommes abordés par des hommes que rarement.
Ce sont surtout des femmes qui répètent un long discours appris par cœur à l’adresse des passants pour les amadouer. Faute de structures étatiques pour la prise en charge des démunis et pour, éventuellement, démasquer les faux mendiants, les citoyens demeurent dans l’expectative devant ce phénomène. Généreux mais méfiants, ils ne savent à qui donner.
A.O.T.