Ath Yavrahim est le plus ancien village du Arch Amchedal et le plus important aussi en matière démographique. La spécificité première de ce village, c’est le nombre et l’âge des instruits. Abordez n’importe quel vieillard de ce village dans la langue de Molière, il vous abreuvera de termes et expression en cette langue sans efforts ni hésitation, ce qui démontre d’une maîtrise parfaite et impeccable du français par l’ancienne génération, ceci est dû à la construction de la première école française “Badis” à proximité d’Ath Yavrahim dans les années vingt. Ath Yavrahim est le village qui compte le plus grand nombre de martyrs de toute la région Est de la wilaya dont plusieurs officiers de l’ALN. L’autre spécificité, c’est d’avoir conservé des bâtisses vieilles de plus de deux siècles, à l’image de la légendaire mosquée avec son minaret haut de plus de vingt-cinq mètres, témoin du passage de plusieurs générations. L’autre particularité qu’on peut citer est la présence dans ce village d’un gisement d’argile, à Vouhvene, d’où puisent depuis la nuit des temps tous les villages de la tribu, et ce pour la confection de poteries et d’instruments de cuisine.A noter aussi que le maximum de terres cultivables, de la commune d’Ahnif, celle de Saharidj, en passant par celle de M’chedallah, appartiennent aux habitants d’Ath Yavrahim. Leur générosité a laissé les citoyens des autres villages voisins profiter de leurs terrains soit pour les pâturages soit pour la cueillette d’olives, générosité reconnue par tous. De plus avoir un villageois d’Ath Yavrahim comme voisin, c’est la paix assurée car ses habitants sont réputés être tolérants en matière de bornage. A noter au passage que ni l’acharnement de l’armée française sur les villageois ni le terrorisme islamiste barbare ne sont parvenus à les déloger de ce village qui a payé un lourd tribut pour que vive l’Algérie libre, fière et sécurisée. C’est dans ce village qu’ont apparu les premières maisons modernes de même que les véhicules à quatre roues. En matière de progrès, ils ont rivalisé avec les colons de la région, lesquels les ont pourtant spoliés des meilleures terres “Oughazi” car plates et irriguées et devenues biens-vacants après l’indépendance. Bref, c’est toute une page d’histoire de la région que reflète ce village plus que bicentenaire.
Omar Soualah
