Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) vient d’annoncer sa participation aux assises sur l’évaluation de la réforme du système éducatif algérien, les 24, 25 et 26 du mois en cours. Ce syndicat a dressé un tableau noir sur la situation actuelle du système éducatif algérien. Sur ce dernier point, le CLA estime que l’école publique est dotée d’un système éducatif qui ne répond pas aux besoins réels des Algériens. Pour illustrer sa thèse, le CLA a installé une commission de réflexion sur l’évaluation du système éducatif. L’enquête menée auprès des enseignants de la matière dans le cycle secondaire fait ressortir que 70% des élèves sont faibles, 20% sont moyens et 10% sont bons. De ce fait, 80% des enseignants sont unanimes pour dire que la progression pédagogique du programme accuse d’une incohérence frappante lors du passage d’un palier à un autre. Ajouter à cela le problème de la surcharge des classes qui accentue encore plus les lacunes des élèves en mathématiques. Pas moins de 70% des élèves ne maîtrisent même pas les opérations élémentaires de calculs, puisqu’ils recourent à la calculatrice pour chaque opération. Pour les langues, l’enquête a révélé que 40% des élèves sont faibles, 35% sont moyens et 25% sont bons. Cependant, 65% des enseignants expliquent cet état de fait par l’incohérence présente dans la progression pédagogique du programme, ainsi que les méthodes d’enseignement inefficaces suivies à l’école primaire. Pour ce qui est de la lecture, l’enquête réalisée auprès des élèves de terminale sur le nombre de livres lus, montre que 80% des élèves n’ont lu aucun livre, 10% ont lu moins de 05 livres, 06% ont lu entre 05 et 10 livres et que 04% ont lu plus de 10 livres. Pour les TIC, le CLA constate que le système éducatif algérien ne leur a pas octroyé la place qu’ils méritent, car il les considère comme des outils et non comme des matières à part entière. Sur un autre registre, le CLA a affirmé que le taux de redoublement est de 11% au primaire, de 29% dans le moyen et de 16% dans le secondaire, alors que le taux d’abandon est évalué à 02% au primaire, 07% dans le moyen et de 05% dans le secondaire. Pour ce qui est du taux d’achèvement de l’enseignement secondaire, le CLA l’a évalué à 95%, tandis que le taux de scolarisation dans l’enseignement supérieur est de 05% pour chaque cohorte. Le syndicat déplore, par ailleurs, les conditions de travail et la situation socioprofessionnelle des travailleurs de l’Éducation, caractérisée par «des classes surchargées, des élèves violents et agressifs, un manque important d’encadreurs, des infrastructures archaïques, un salaire indécent et un statut du travailleur des plus dégradants». Pour ce syndicat, l’évaluation actuelle dans le système éducatif, au lieu « d’être un outil éducatif pour l’élève et un tableau de bord pour l’enseignant », elle est source de leur « stress et de leur angoisse ». Le CLA exige que le système d’évaluation change. Quant à l’orientation, elle répond plus à des logiques de pourcentages envoyés par la tutelle et que les conseils d’orientation sont tenus d’appliquer plutôt que de respecter les choix des élèves ou de leurs parents. L’introduction hâtive de l’approche par compétences dans le système éducatif algérien et la mise en place de tous les moyens pour sa réussite, n’ont pas apporté leurs fruits au contraire, ils ont contribué à son échec. En outre et en terme pédagogique, le CLA estime qu’il est impératif de revoir les modalités suivies pendant les concours et lors des recrutements. Le CLA recommande à la tutelle «de prévoir une planification des infrastructures en fonction de la croissance démographique, revaloriser le savoir, alléger et rééquilibrer les horaires de l’école de manière à laisser du temps libre pour l’expression personnelle et les activités culturelles de l’enfant». Il appelle également à introduire la recherche pédagogique absente du système d’éducation nationale et de formation, redonner aux différents conseils de classe, de gestion et de discipline leur pouvoir de décision ainsi le pouvoir pédagogique l’emportera sur le pouvoir administratif. Il recommande aussi de ne pas instrumentaliser l’école par les différentes idéologies et laisser l’enfant faire ses propres choix et de mettre en place un système de formation continue pour les professeurs-formateurs et cela par l’ouverture d’instituts spécialisés. Le CLA appelle ainsi à une refondation du cycle secondaire qui se fera selon la même source, par la création d’un secrétariat à l’enseignement secondaire, l’allongement de la durée des études de trois à quatre années par la création d’une année de tronc commun pour la remise à niveau des élèves. Il réclame la révision du système d’évaluation du baccalauréat par la réhabilitation de la fiche de synthèse et aussi prévoir une deuxième session du baccalauréat pour non-reçus, ainsi que la prise en charge des revendications socioprofessionnelles des travailleurs de l’Éducation.
L.O.Challal
