«Les Ibadites, comme l’histoire le prouve, n’ont jamais fait la guerre à aucun monothéiste, et vu leurs valeurs (travail, mérite des actes sur terre…), ils sont foncièrement tolérants et pacifistes», dispose l’auteur Mohamed Massen dans sa dernière publication en date, intitulée «L’Islam Tolérant et Pacifiste, Bref aperçu sur l’histoire et les principes de l’Ibadisme». L’ouvrage est paru au tout début de cette année 2015 aux Editions El Ibriz.
Dans cette œuvre compulsée sur 110 pages, Mohamed Massen jette un regard rétrospectif sur les principaux événements qui ont jalonné l’histoire des Ibadites. Il donne des clés pour décrypter ce rite de l’islam, depuis la sédition Ali/Muawiya, laquelle a enfanté le mouvement de contestation Mouhakima. Victimes de persécution, les Mouhakimas se voient astreints d’évoluer dans la clandestinité en se désolidarisant des Kharidjites, avec lesquels ils ont maille à partir. Menés par un certain Jabir Ibnou Zeid, les Mouhakimas sont animés par les valeurs de paix et de tolérance et mus par la volonté de promouvoir l’esprit scientifique de la chariâ. Ils envoient des émissaires au Maghreb pour «prêcher la bonne parole».
«Accueillis très favorablement par les Berbères, Ahlou Addawa Wal-Istikama, tels qu’ils s’appelaient alors, ont constitué la dynastie rustumide à Tahert», relate l’autre, qui aborde ensuite le repli vers le sud algérien. Là ils sont accueillis de bonne grâce par les Bani Masâb (Mozabites) et fondèrent le M’zab. Mohamed Massen met, par ailleurs, en lumière les principes fondateurs de cette école religieuse, tout en mettant en relief les principales différences avec les autres écoles sunnites, notamment l’école Kharidjite. «Ces différences réfutent clairement les allégations de certains extrémistes, qui, jusqu’à nos jours, veulent intégrer l’Ibadisme dans le Kharidjisme à des fins politiques», lit-on dans la deuxième moitié du livre. En se basant sur des écrits de référence, Massen donne la preuve par quatre que l’Ibadisme est une école pionnière sur le plan jurisprudentiel.
Se distinguant par la rigueur et la primauté du Coran sur le hadith, elle a étendu son emprise jusqu’en Afrique et en Andalousie. «Ses adeptes ont été persécutés, autant au Moyen-Orient qu’au Maghreb, par l’extrémisme religieux et par les régimes royalistes, que les Ibadites déclarent illégitimes. Les Ibadites n’ont aucun point commun avec les Kharidjites, ni sur le plan religieux, ni sur le plan historique», tranche l’auteur.
Nacer Maouche