Gaspillage alimentaire, une habitude à combattre

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S’il existe des habitudes, qui branlent dans le manche, ancrées dans les ménages, ça serait bel et bien le gaspillage alimentaire.

Les décharges publiques et autres lieux improvisés en réceptacle de toutes sortes de déchets, les denrées alimentaires atterrissent souvent à ces endroits. Baguettes de pain, gâteaux, sauces et soupes avariées et tutti quanti. L’appétit fringale atteint son paroxysme notamment dans le mois de Ramadhan, où le consommateur laisse libre court à ses envies gastriques, et en premier lieu dictées par ses organes de la vue. Il n’est pas rare de voir des gens acheter de tout et de rien sans prendre en compte la saignée que subit son portefeuille.

Les consommateurs ne font pas attention aux faux frais, grevant ainsi les fins de mois, souvent bouclées à découvert. Pour se rendre compte de ces mauvaises habitudes qui gagnent les ménages algériens, nul besoin de se tarabuster l’esprit, car le simple badaud peut aisément remarquer les tonnes de nourritures qui atterrissent dans les poubelles de son quartier, de son village ou de sa ville. Pratiquement, aucun village ni centre urbain n’est épargné par l’invasion des déchets alimentaires.

La localité d’Akbou est envahie par toutes sortes de déchets que tout un chacun juge nuisibles et pour la santé des riverains et pour l’image de la ville. Les bacs à ordure sont à satiété à telle enseigne qu’ils débordent de partout. La profusion de victuailles finissant dans les poubelles dépasse tout entendement. Au moment où le gouvernement appelle à se serrer la ceinture, le gaspillage alimentaire monte crescendo. Les statistiques sont effarantes compte tenu des énormes quantités d’aliments jetées au quotidien.

Les baguettes de pain tiennent la palme d’or en ce mois de carême, où des millions sont flanqués sans être consommés. La réduction des pertes et des gaspillages alimentaires est cruciale dans les pays qui ne peuvent pas accroître leur production alimentaire et qui doivent importer des denrées pour couvrir leurs besoins, comme c’est le cas de l’Algérie. Lorsque des aliments sont perdus ou gaspillés, toutes les ressources naturelles utilisées pour les produire, les transformer, les conditionner, les transporter et les commercialiser sont également gâchées. La rationalisation de la consommation est une condition sine qua non pour réduire la dépendance alimentaire, devenue un lourd fardeau pour la trésorerie algérienne.

Le phénomène du gaspillage alimentaire n’est pas une spécificité algérienne, car il touche l’ensemble des pays, mais à des degrés moindres. Les chiffres donnent le tournis. Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le tiers des aliments produits chaque année dans le monde pour la consommation humaine, soit environ 1,3 milliard de tonnes, est perdu ou gaspillé. Toujours selon la FAO, chaque année, les consommateurs des pays riches gaspillent presque autant de nourriture (222 millions de tonnes) que l’entière production alimentaire nette de l’Afrique subsaharienne (230 millions de tonnes). Par ailleurs, cette situation perdure au moment où environ 800 millions de personnes dans le monde souffrent encore de faim et de malnutrition. Toutefois, par des gestes simples et réfléchis, le consommateur peut éviter de tomber dans la trappe du gaspillage alimentaire.

Ces mauvaises habitudes ne sont pas sans conséquence et sur le budget des ménages et sur l’environnement. Le gaspillage alimentaire est aussi synonyme de gaspillage d’argent. En achetant malin, en conservant bien les aliments, en cuisinant astucieusement, le consommateur peut éviter de jeter des aliments, et par ricochet, de vraies économies peuvent en découler. Dans le même sillage, la réduction du gaspillage alimentaire se répercutera forcément sur une réduction des déchets, devenus un cauchemar pour les pouvoirs publics.

Bachir Djaider

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