Les visiteurs par milliers

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Au 3ème jour du festival local de la poterie de Maâtkas lancé samedi dernier, le CEM Ounnar Mohamed sis au chef-lieu communal, qui abrite cette manifestation artisanale ne désemplit pas.

L’affluence est nombreuse, notamment pendant la matinée et l’après-midi. Des milliers de visiteurs envahissent le collège, non seulement pour découvrir les multiples expositions mais aussi pour faire des achats au grand bonheur des artisans qui arrivent à écouler leurs produits artisanaux sans grandes difficultés. Mme Chalal (Nna Ouerdia), une vieille et professionnelle potière reconnaitra: «Mes produits se vendent comme des petits pain, dieu merci». L’exposante de tapis d’Aït Hichem abondera dans le même sens : «Les affaires vont bien. A ce rythme, je ne suis pas sûre de satisfaire toute la demande. A la prochaine édition, je dois ramener beaucoup plus de tapis».

C’est à comprendre que ce festival constitue une aubaine pour tous les artisans. Concernant les prix pratiqués, ils sont jugés excessivement onéreux. «Il est vrai que le travail de l’argile est pénible, mais leurs prix sont exagérés. Une jarre moyenne n’est accessible qu’à partir de 8 000 DA. Un petit pot coûte à partir de 600 DA et un petit plat en argile à partir de 400 DA. Les potiers doivent baisser les prix.», déclarera une visiteuse. Les potières, quant à elles justifient ces prix par les efforts qu’elles fournissent pour trouver de l’argile, la travailler, la façonner, ensuite préparer le four traditionnel pour la cuisson et la décoration. «Pour fabriquer un pot, il faut chercher l’argile et lui consacrer de longues heures de travail qui peuvent durer pendant plusieurs jours.

Les prix ne sont rien comparés aux efforts que nous fournissons», dira une potière de Maâtkas. Concernant le programme scientifique, la journée de mardi a été consacrée à la tenue de 3 contributions. M. Dahmani Mohamed de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, s’est attelé à un thème important, à savoir celui de la perte des identités tribales et la modernité. Le conférencier a longuement parlé de notre patrimoine culturel, de nos coutumes, de nos us, de la manière de vivre des anciens et des métiers pratiqués. «Il est regrettable qu’aujourd’hui, notre patrimoine se perd à grande échelle. Les anciennes habitations Kabyles, leurs décors, les activités artisanales et les produits du terroir sont en voie d’extinction.

Les gens détruisent sans ménages et sans penser à préserver notre richesse, qui constitue notre identité. Les responsables comme les citoyens sont appelés à être vigilants et à faire le nécessaire pour protéger notre patrimoine». A l’aide de diapositives, le conférencier a montré des merveilles artisanales qui ont malheureusement été détruites par l’ignorance et parfois l’inconscience. Mme Maacha Dehbia de la même université s’est attaquée à un volet, à savoir la relation entre l’artisanat traditionnel et le patrimoine. Pour sa part Mme. Salima Salah Mansour a levé le voile sur la valorisation des ressources territoriales par les savoirs faire locaux.

Ali Amrane enflamme la scène

Le premier gala programmé a eu lieu, durant la soirée du lundi dernier. Une scène mobile a été installée à la place de la mairie. Le public nombreux composé essentiellement de jeunes fans du chanteur pop rock Kabyle, en l’occurrence Ali Amrane, la star montante de Maâtkas. 20 heures tapante, Le chanteur entre en scène sous les applaudissements du grand public. «Chanter chez moi, dans ma région et devant mon premier public a un gout spécial, c’est un véritable plaisir.

Le festival de la poterie est une bonne chose puisqu’il permet de sortir toute la région de sa torpeur et de faire parler d’elle», dira t il avant d’entamer son périple musical. Houria, Tizi Laryah et anfas, des chansons reprises en chœur par le public pour commencer. Ali Amrane comme pour mettre la vitesse supérieure, enchaine avec Anfethiyi Kan et aka I damour au grand bonheur des spectateurs qui n’ont pas manqué de soulever la poussière. Tabalizt, Aqlalas et de nombreux titres de son riche répertoire, merveilleusement interprétées, ont suscité l’ambiance des grands jours.

Un peu fatigué il a voulu mettre fin au spectacle en vain, ses fans l’ont prié de poursuivre. Pour ne décevoir personne, le chanteur est revenu sur scène, une autre chanson pour la nuit. Vers 22 heures, le public s’est dispersé dans le calme. Une soirée qui restera gravée dans les mémoires. Rappelons que d’autres galas sont prévus pour les soirées suivantes avec des chanteurs locaux, très connus et très appréciés dans la région.

Conférences, magie et projections au menu du 4ème jour

Pour la 4ème journée, en plus de l’exposition vente qui est maintenue, il est aussi question de conférences, de magie et de projection vidéo. Dans le début de la matinée, l’amphithéâtre du CEM Ounnar Mohamed a accueilli M. Antri Azeddine, le directeur du centre des arts de la culture du palis des Rais.

Sa contribution a porté sur le savoir faire artisanal et l’identité ce spécialiste en archéologie et en conservation du patrimoine, s’attardera sur les activités les plus anciennes de l’homme qui remontent à la période néolithique, où il a découvert l’agriculture qui l’a contraint à se sédentariser. Le besoin de moyens de stockage, d’ustensiles, d’outils et de vêtements a aiguisé son savoir faire. «Les produits artisanaux qui étaient au début utilitaires sont devenus avec le temps et le progrès une partie importante de l’identité du fabricant. Les décors, les motifs, les signes utilisés et les objets fabriqués renseignent le mode de vie et sur l’identité des peuples».

Le conférencier remontera pour arriver à la période coloniale où l’artisanat a connu du recul car tout a été mis en route pour combattre l’identité nationale. «Après l’indépendance et surtout depuis les années 90, une prise de conscience a germé et plusieurs festivals de ce genre ont été institutionnalisés. Ces festivals sont justement conçus pour étudier, analyser et archiver le savoir artisanal mais aussi le transmettre aux collectivités et surtout l’introduire dans les cursus pédagogiques en vue de le pérenniser, de le mettre au goût du jour et de le rentabiliser». M. Bourdouz Abdennacer, un chercheur au CNRPH d’Alger poursuivra avec un autre thème, celui de l’habitat dans la région du Dahra. Vers 16 heures, Hachim, le magicien essayera d’émerveiller le public par ses tours de magie. A 17 heures, une projection du documentaire relatif à la vie du défunt chanteur el Hasnaoui, l’auteur de la célèbre chanson «la maison blanche», a eu lieu.

Hocine T.

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