Plaidoyer pour la sauvegarde du patrimoine

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Dans le cadre de la Fête du bijou d’Ath Yenni, une conférence sous le thème «Tourisme en espace rural, tourisme durable et tourisme et patrimoine», a été animée par M. Yacine Si Ahmed (anthropologue- grand reporter- expert géopolitique et stratégiques de l’Information en Méditerranée), dans l’après-midi d’avant-hier, au centre Culturel Mouloud Mammeri.

Au cours de sa conférence, M. Si Ahmed a eu à développer le grand axe: tourisme sous ses trois dimensions et variantes précitées. D’abord, il met en avant l’impact du tourisme sur «une société donnée, un social et surtout sur l’économie de la localité ou de la région entière». La Fête du bijou s’y prête avec d’autres, à travers la wilaya. Puis, il cite quelques personnages historiques ou de l’Antiquité qui se sont aventurés d’un pays à un autre, en traversant le désert, les mers et les océans. C’était le cas de «Juba II, le Berbère et l’explorateur, dont le voyage le conduisit jusqu’au Soudan du Sud, durant le Moyen-âge déjà. Pour sa reconnaissance, la capitale portera son nom Juba et c’était lui qui a jeté les bases du tourisme en Afrique».

Christophe Colomb et bien d’autres personnages Espagnols, Portugais et Hollandais …ont été relevés par le conférencier. Ces grands hommes hardis entreprenaient de nombreuses sorties de plusieurs mois d’absences pour plusieurs objectifs: tourisme culturel englobant jusqu’à la connaissance, l’étude de la société d’un pays donné visites et colonisations. Le tourisme rural et le tourisme durable sont les composantes de «l’écotourisme» que le conférencier développa assez largement, car chacune des régions de notre immense pays a «ses propres spécificités pour un développement durable que les autorités ne cessent de crier à qui veut les entendre. Cette conférence eut lieu la veille de la visite du ministre du tourisme à la Fête du bijou pour s’enquérir des préoccupations des artisans, qui dénoncent de nombreuses tares. Il précise: «il n’y aura pas de tourisme durable sans paix, sans tranquillité permanente et définitive et sans interactions des peuples, et l’algérien, de nos jours, n’est pas considéré comme touriste». On ne naît pas touriste mais on le devient, si pour le dernier né de la famille trouvera toutes les conditions réunies pour promouvoir ce tourisme. «Les regards sont focalisés sur l’art culinaire» comme pour dire «il est avant tout consommateur». Il réitère la relation entre le tourisme rural, durable et le paysage.

Le village qui, «constitue un patrimoine culturel et historique découlant de tout un cadre de vie!». Ne cachant pas son amertume, il déclare: «A chaque tournant, tout au long des routes, nous constatons des décharges, des bouteilles de bière et autres emballages à tel point que les touristes étrangers qui viennent seraient ahuris et nous qualifient de grands consommateurs de boissons alcoolisées» et de se désoler: «le bon sens a disparu!». M. Yacine Si Ahmed s’interroge: «les Kabyles ne sont-ils pas conscients de leur patrimoine?». Et donne un exemple frappant «le barrage Taksebt», Le conférencier met le doigt sur un autre élément et non des moindres qui fait toute la différence des autres régions/ villes: «les vieilles maisons sont détruites et remplacées par des bâtiments, des terrasses, des villages aux tuiles industrielles importées à coût de milliards, en devises, tout comme le style des constructions/types d’habitats imités de ceux de France, du Japon ou autres «l’identité d’une région s’effiloche progressivement». Dans ce cas de figure, il interpelle les P/APC des régions montagneuses de prendre des dispositions qui s’imposent, afin de sauvegarder le patrimoine, préserver les coutumes «en encourageant la mise en œuvre du patrimoine rural et culturel». C’est une mission qui incombe à tous les habitants du village et «réveiller les consciences, c’est aussi se mettre en cause». Dans quelques siècles, toute trace de nos ancêtres serait effacée et les visiteurs ne croiraient pas que cette région a été habitée par nos ancêtres les berbères.

Ce qui serait d’une très grande gravité culturelle. Ainsi, il apporte une preuve de plus de l’inconscience des gens: «le cahier / registre de doléances du site touristique du Tassili N’ajer a été volé et heureusement, il a été retrouvé à Ouargla». Sans trop de détails! Pour le conférencier «la seule issue valable pour sauvegarder tout ce patrimoine (dans le sens le plus large du terme) la centralisation, aujourd’hui, a montré ses limites. Elle doit laisser place à une autre forme de gestion, la régionalisation qui ne doit pas faire peur au pouvoir central!». La présence des étudiants dans la salle a attiré l’attention du conférencier qui se réjouit: «Je suis content que des étudiantes et étudiants s’intéressent au tourisme rural». Ce dossier est volumineux. Les autorités doivent s’y pencher de manière sérieuse, en tenant compte des spécificités de chaque région, de chaque wilaya de notre immense territoire. «Il suffit d’une volonté politique et d’œuvrer dans le plus grand intérêt de la nation qui trouvera, justement, son renforcement dans sa diversité.»

Arous Touil

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