L’Opep fait face à des pressions de toutes parts

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Sur le marché de New York, le baril de « light sweet crude » pour livraison en février a pris 1,52 dollar pour terminer à 68,35 USD. Le prix du baril est même monté jusqu’à 68,80 dollars en cours de séance. « Je pense que nous allons probablement dépasser le prix record d’août à 70,85 dollars le baril », a estimé un analyste. Les cours avaient atteint ce niveau le 30 août dernier, après que le cyclone Katrina eut durement frappé les installations pétrolières du Golfe du Mexique. Un autre analyste ira même jusqu’à prédire que les cours atteindront la barre de 75 dollars le baril dans les un ou deux mois à venir. « Les inquiétudes autour de la situation géopolitique en Iran devraient s’aggraver, poussant les cours vers de nouveaux sommets », a-t-il estimé. Par ailleurs, l’Opep, qui doit décider sous une dizaine de jours de sa politique de production pour les mois à venir, risque de se retrouver entraînée malgré elle dans la querelle entre l’Iran et l’Occident sur le nucléaire et de subir des pressions des deux camps.L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui représente 40% de la production mondiale, doit se réunir le 31 janvier à Vienne pour décider d’abaisser ou non sa production pour le deuxième trimestre, période où la demande de pétrole baisse traditionnellement en raison de la fin de l’hiver dans l’hémisphère nord. La décision devrait s’avérer particulièrement difficile à prendre cette fois : outre des cours qui s’approchent de nouveau des sommets historiques, l’incertitude demeure forte en ce qui concerne la demande mondiale de pétrole, notamment du côté du géant chinois dont la croissance est toujours très vigoureuse. Mais l’Opep, qui se définit elle-même comme une organisation apolitique, risque surtout de se retrouver sous pression si le bras de fer autour du nucléaire iranien gagne encore en intensité dans les jours à venir. L’Iran, membre influent du cartel dont il est le numéro deux en termes de production, a appelé avec vigueur vendredi à une baisse de 1 million de barils par jour (mbj) du plafond de production (actuellement fixé à 28 mbj) du cartel. « L’Opep ne doit pas retarder la question de la baisse de sa production », a affirmé son représentant Hossein Kazempour Ardebili. “Si l’Opep maintient son niveau de production actuel, les 2 mbj de surproduction feront augmenter les réserves (…) qui descendront comme une avalanche sur le niveau des prix » pour les pousser vers le bas”, a-t-il insisté. Cette déclaration intervient alors que les pays occidentaux cherchent à renvoyer le dossier du nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Pour l’heure, aucun pays membre n’est d’ailleurs allé publiquement dans son sens : l’Algérie s’est dite opposée à une baisse de production au vu du niveau très élevé des cours, de même que le président vénézuélien Hugo Chavez. Le Nigeria et l’Indonésie montreraient les mêmes inclinations, selon l’Agence internationale de l’énergie. Et Washington est venu mettre son poids dans la balance, vendredi soir, en se réclamant de la coopération de l’Opep en cas de perturbation de la production suite à d’éventuelles sanctions contre l’Iran. D’autre part, la demande mondiale de brut va progresser de 1,9% en 2006, à 84,8 millions de barils par jour (mbj), selon le rapport de janvier de l’Opep publié vendredi à Vienne.Cette projection, publiée avant la réunion du 31 janvier, révise légèrement à la baisse des prévisions formulées par l’Opep en décembre et portant sur une consommation de 84,9 mbj. L’Opep fait toutefois état de perspectives optimistes pour l’économie mondiale cette année et juge que la croissance de celle-ci, estimée à 4,3%, se traduira par une progression de la consommation de pétrole dans toutes les grandes régions à l’exception de l’Europe (hors Russie). La demande des pays développés doit ainsi croître de 0,7 mbj, soit de 3,2%, tandis que la demande chinoise doit bondir de 6% pour représenter désormais « près du quart » de la demande mondiale, selon le rapport. Il reste incertain si la robuste croissance (de l’économie) mondiale en début d’année se maintiendra tout au long de 2006, souligne l’Opep.

R. N et AFP

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