La forge tente de résister au temps

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La forge, dont dépendent des familles entières, est un métier en voie de disparition. Frappée par l’industrialisation et la perte de clientèle, elle tente de subsister plus comme un simple métier artisanal qu’un savoir-faire à sauvegarder.

Si de nombreux métiers manuels et artisanaux ont du mal à accrocher l’intérêt des jeunes apprentis, la forge encore plus. Elle en devient même menacée de disparition. Ce métier qui, avant faisait vivre des familles entières a du mal à subsister. Les rares forgerons, à tenter de sauvegarder le métier et à en faire leur principale rente, se compteraient presque sur les doigts des deux mains à Tizi-Ouzou.

On découvre de moins en moins de régions qui s’essayent encore au métier. Pour Mourad Lamri, la forge perd de sa notoriété. Lui, qui est issu du village Ihitoussène, dans la localité de Bouzeguène, affirme que cette région est réputée pour être une des dernières à tenter de sauvegarder le métier. Dans ce village, chaque famille compte au moins un forgeron, des ateliers pour le travail du fer existait dans chaque recoin. Sauf qu’avec le temps le métier «n’est plus aussi prisé qu’avant et on a tendance à se détourner de ce savoir faire qui était légué de père en fils» dira ce villageois. Une réalité qui est le résultat de l’industrialisation de la vie quotidienne qui laisse peu de chance à ce métier de garder sa place.

L’utilisation de moyens plus sophistiqués pour travailler le fer fait que l’enclume n’est plus aussi indispensable qu’il était. Avec la soudure, par exemple on parvient à réaliser les mêmes objets en un temps réduit et en plus dur. Un gain de temps pour les clients qui se détourne rapidement de ces méthodes manuelles d’autant. D’ailleurs le peu d’artisans du domaine qui reste voit le nombre de client diminuer de jours en jours et avec eux la rente du métier. Une des raisons qui font que la majorité ont préféré changer d’activité plutôt que de subsister dans des conditions difficiles, explique Mourad Lamri. Ce dernier revenant à l’historique du métier se rappelle comment à une certaine époque, la forge allait de paire avec l’agriculture à laquelle elle était intimement liée. En effet, On imaginait difficilement travailler la terre sans les outils fabriqués manuellement. Et les principaux clients des forgerons sont les agriculteurs, d’après Lamri. Il ajoute qu’après cela, le secteur de l’agriculture à lui aussi connu son ère d’industrialisation et n’use plus des procédés traditionnels et manuels. Les tracteurs et autres machines ont vite fait de remplacer le petite pioche utilisée avant.

La «déperdition» du métier et du savoir faire est aussi née du manque d’attrait qu’il suscite parmi les jeunes. Si avant, le métier se transmettait de père en fils, «aujourd’hui la majorité des jeunes sont instruit et ne sont pas attirer par ce métier artisanal» même s’il représente une partie de la culture locale. On apprenant de moins en moins la forge aux générations montantes, c’est le condamner à disparaitre. Mais notre interlocuteur préfère être optimiste, car pour lui, «on aura toujours besoin de la vielle petite pioche». En plus «les machines ne remplacent jamais réellement le travail manuel fin et précis». D’autant plus, ajoute-t-il, on commence à prendre conscience de la réalité de la menace, qui pèse sur le métier. Et c’est dans ce sillage que l’association d’Ihitoussène à Bouzeguène initie, petit à petit, un travail de «réhabilitation» dira-t-il.

Lui qui est aussi membre actif de l’association culturelle «Sevaâ Zzvari» (les sept enclumes) d’Ihitoussène, affirme que l’histoire du village avec le métier de forgerons fait qu’on tente de sauvegarder le savoir faire local. C’est d’ailleurs, dans ce contexte que la fête de la forge locale existe désormais et tiendra sa première édition, après-demain. Il sera par la suite question d’initier les jeunes à la manipulation du fer de manière traditionnelle. Au village, faire renaître l’activité passe en effet forcément par faire apprendre les techniques ancestrales utilisées jusqu’à nos jours par les forgerons, qui tiennent encore au métier. Ceci, dans le but d’assurer la continuité et par là même l’héritage.

Tassadit. Ch.

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