Des plages saturées et d'autres rivages inexploités

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Officiellement, 35 plages sont autorisées cette année à la baignade dans la wilaya de Boumerdès, soit moins du 1/ 3 de son littoral global de 80 kms.

Mais l’on s’aperçoit que les estivants, comme dans d’autres régions côtières, n’affluent encore en réalité qu’en direction d’une quinzaine de sites, pour leur proximité des centres urbains. Conséquence de cet état de fait : sites balnéaires saturés en ce temps de forte canicule. Impossible donc pour le citoyen lambda d’y trouver vraiment le plaisir tant recherché. «Il ne faut pas se leurrer, le repos ne peut être assuré dans un plein à craquer», se plaint un quadragénaire venu de Bida à Corso avec sa petite famille. Il nous confiera néanmoins que là au moins il a trouvé un lieu sûr où garer sa voiture. Mais il est vrai que la plage est saturée. Les nombreux espaces concédés aux particuliers sont submergés, et il ne reste nulle place pour planter sa propre tente. Transgressant la clause de la concession, en dépit de moult avertissements des services concernés, ces particuliers ne laissent en moyenne que le 1/ 10 de l’espace global dans chaque site. Combien de fois, au centre-ville de l’ex-Rocher noir, comme dans d’autres villes côtières, on entend les plaintes de pères de familles quant à l’impossibilité de donner à leurs enfants, quotidiennement, la somme variant de 150 à 200 DA permettant la location d’une place à la plage. D’autres passionnés du farniente diront avec malice qu’il ne reste pour ceux qui recherchent le calme que les rivages éloignés des centres urbains. Dans la plupart des municipalités côtières de Boumerdès, il y a en effet de vastes étendues de sable préservées des affluences massives. L’intérêt n’est accordé cependant qu’à deux ou trois sites balnéaires, rattachés au chef-lieu communal. L’on prend comme exemple cette grande étendue qui s’étale du champ de course de Zemmouri El Bahri à Cap Djinet, entrecoupée par l’embouchure de Oued Isser. Les nombreux champs de vigne et divers autres plantations, alignés tout au long de ce littoral d’une quinzaine de kms, en font un espace des plus agréables. Le visiteur peut trouver là quelques plages autorisées à la baignade mais non surveillées. Le calme y domine et l’intimité n’y est pas mise à rude épreuve. Néanmoins, ceux qui les fréquentent, seul ou en famille, sont obligés d’apporter avec eux de quoi se nourrir. Accédant à ces rivages par des chemins de terre, les visiteurs ont la latitude de choisir leur espace. Ils s’y plaisent apparemment, même s’ils ne sont guère tentés par un séjour prolongé. Ces coins sont, pour le moment, dépourvus de toute commodité ou service commercial. Même constat plus loin vers l’Est, notamment sur cette vaste étendue de Bounoua, isolée de l’affluence massive des sites balnéaires voisins de Cap Djnet.

Longue de deux kms, cette plage au sable fin, très propre, est située en bordure de la RN24. Des arrêts de transports en commun y sont aménagés et plusieurs endroits sont indiqués au visiteur pour garer son véhicule. Il n’y a pas l’ombre d’un concessionnaire de plage ou d’un quelconque  » parkingueur ». Plus loin encore, à l’entrée ouest de Dellys, la baie de Tgdempt offre un paysage d’une beauté époustouflante, mais reste inexploitée, d’autant que le projet d’un hôtel, prévu juste à côté tarde à se réaliser. La proximité de nombreux vergers lui confère un charme particulier. Néanmoins, elle n’est fréquentée que par les riverains, qui ont ainsi le loisir de choisir leur moment de baignade sans gêne ni dépense. D’autres sites féeriques de l’ex-Rusuccurus, comme la baie sise en contrebas du lieu dit Tala Ouldoune, sont eux aussi méconnus des estivants. En revanche, comme bien d’autres plages de Boumerdès, celle des Salines, jouxtant le petit port de Dellys, est envahie par les visiteurs, ces jours-ci. «Cette étendue manque pourtant de propreté et son sable a été pillé durant les dernières années», s’indigneront les notables de cette ville côtière. De nombreux jolis coins de bord de mer restent en jachère, inexploités, dans la wilaya de Boumerdès, comme d’ailleurs dans d’autres régions côtières du pays, sur ce long littoral de plus de 1200 kms, alors qu’on parle constamment de l’impérieuse nécessité de développer le tourisme. Il ne s’agit pas, répétons le clairement, de bâtir uniquement des complexes hôteliers pour les nantis ou une faible catégorie de cadres moyens, mais d’encourager aussi et surtout les promoteurs de prestations de services élémentaires, au profit de la population. L’exemple peut être pris, dans cette wilaya, du nouveau site de Sghirat, relevant de Thenia, aux différentes plages où les visiteurs se sentent plus à l’aise.

Salim Haddou

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