Durant toute l’année, certains patelins reculés de la région d’Ath-Waghlis, jalousement accrochés au flanc de la montagne de l’Akfadou, demeurent presque quasi fantomatiques. L’arrivée à grandes enjambées de la saison estivale, une période dédiée amplement aux fêtes de mariages et à la plage, celles-ci commencent à se remplir peu à peu des fils du village partis s’installer ailleurs dans le pays ou dans l’hexagone.Le retour au bercail, le temps d’une saison est plus que vital de l’avis de nombreuses personnes installées dans d’autres contrées, généralement de l’autre rive de la méditerranée, notamment la France. Depuis la mi-juillet, des véhicules de matricules étrangères pullulent comme des champignons. Le citoyen lambda remarquera aisément les norias de voitures, venues de l’hexagone, qui sillonnent les routes de cette wilaya. Dans la localité de Chemini, une région qui compte un bon nombre d’immigrés, où pratiquement chaque village en possède un bon lot. Au demeurant, le retour au bercail est synonyme de retrouvailles qui sont agrémentées de bons souvenirs d’enfance, les moments de joie et de peine, où les discussions sont menées à bâtons rompus. Les fêtes de mariages se posent comme une occasion idéale de se retrouver entre cousins, amis… autour d’une table garnie de couscous, de viande et de dessert. Qu’il soit copieux ou frugal, ce repas est le synonyme d’une tradition ancestrale, jalousement gardée par les Kabyles. Les villages kabyles de Chemini retrouvent une certaine animation dans la période estivale, où se côtoient les Algérois, les Oranais, les Constantinois… et surtout les immigrés. Ces familles installées ailleurs tiennent mordicus à ce que le retour à la terre des aïeux soit un moment propice pour se ressourcer et par ricochet ne pas couper les relations qui les lient à la Kabylie. «Le cours de la vie nous a mené vers d’autres cieux, il reste néanmoins que le retour au «bled» est toujours un événement heureux», soutient un jeune immigré installé en France. Les différentes bourgades de la localité constituent un havre de paix et un lieu de villégiature pour les estivants. La placidité des villageois ne laisse pas indifférents les enfants qui reviennent fouler la terre de leurs ancêtres, d’autant plus qu’ils sont habitués à une cadence infernale dans la vie citadine et au vacarme des véhicules. Les petites vacances passées au village sont plus que jamais un rendez-vous avec une atmosphère paisible pour se délester du fardeau quotidien rythmant la vie citadine.
Bachir Djaider
