Hocine Ouali, ou encore Hocine OH, ce jeune chanteur, estime que reprendre les chansons des autres est, pour lui, un véritable tort causé à la chanson kabyle, qui est en nette régression. De ce fait, il dit que l'artiste doit être un créateur et non un imitateur. D'ailleurs, son premier album titré " El Henni" en est une preuve, car les sept chansons qui le composent sont de sa création personnelle aussi bien sur le plan musical que sur celui des paroles, n'était-ce cette touche du parolier Said Megdoud. Dans cet entretien, notre artiste revient sur les problèmes rencontrés dans son parcours et d'autres projets.
La Dépêche de Kabylie: pourquoi Hocine OH ?
Hocine OH : Je m’appelle Ouali Hocine. Mais comme par hasard, un autre jeune artiste handicapé et cancéreux portait le même nom et le même prénom que moi. Pour anecdote, quand je me suis inquiété auprès des responsables de la Maison de la culture de Tizi-Ouzou qui ne m’ont pas programmé pour des spectacles en dépit de mes demandes, j’ai été surpris d’apprendre que j’avais animé trois concerts alors que c’était l’autre qui les avait donnés. C’est ce qui m’a poussé à prendre ce pseudonyme pour montrer cette différence.
Hocine, revenons à tes débuts dans le domaine de la chanson…
Tout comme les jeunes de mon âge, j’ai commencé alors que j’étais déjà au primaire. Quand je gardais mon troupeau de moutons, j’avais sur moi une petite guitare et je jouais quelques airs. Mais, la première fois où je suis monté sur scène, c’était dans le collège où j’étudiais au début des années 90, après que le professeur qui animait une fête scolaire m’eut forcé. Et la deuxième fois, j’ai fait mon apparition à l’âge de quinze ans dans une fête familiale dans notre quartier, l’ex-cité Caper. Et depuis, je suis rentré dans ce domaine en animant des fêtes dans ma région, à Draâ El-Mizan, et dans les villages avec un groupe musical dénommé Assirem.
Et depuis?
Attendez, j’ajouterai que je suis né avec ce don. Je n’ai fréquenté aucun conservatoire de musique à l’exception de quelques séances à la maison de jeunes Arezki Mansouri. D’ailleurs, cela n’a pas été pour longtemps. Mon expérience a commencé à Tizi-Ouzou où j’ai fait la rencontre d’autres jeunes avec lesquels je participais à des fêtes. Mais, c’est surtout un chanteur qui m’a montré le chemin du professionnalisme. Il m’a vraiment encouragé à mettre en branle ma machine. En 2011, j’étais alors allé dans un studio à Alger. Mais cela n’a pas été une réussite dès le départ. L’éditeur auquel j’ai présenté mon produit a été satisfait, mais comme vous savez, les éditeurs ont toujours peur des débutants.
Ensuite ?
Alors là j’ai commencé à avoir beaucoup de confiance en moi-même. Donc, en 2013, j’ai pu quand même grâce au studio Hamidou d’Alger éditer mon premier album de sept chansons en donnant la priorité à « El Henni », une chanson du terroir chantée dans les mariages. Et l’aventure commença en allant à la radio, à la télé et dans beaucoup de régions du pays. Je vous citerai Alger, Sidi Bel Abbès, Tizi-Ouzou, M’Sila et dans de nombreux villages kabyles.
Brièvement, donnez-nous les titres de ces chansons sans trop verser dans leur interprétation, d’accord?
Eh bien, comme je viens de vous le dire, « El Henni » est la chanson principale. » Ayul Aki », celle-ci évoque ces femmes qui font tout pour détruire des couples avec leurs » Ihachkoulène », » Achimi » ou Pourquoi?, c’est une trahison amoureuse, » Thsoulya », là c’est la nuit de noces quand les deux mariés se rencontrent dans l’intimité pour la première fois et se rappellent de tous les problèmes et embûches rencontrés avant d’en arriver là. » Ath Khous dhyi », ou encore » tu me manques », chacun peut l’interpréter à sa manière. » Thawla », » La fièvre », parle de la séparation. Mais sans doute, pour moi, la chanson que j’aime est » Thlough Thlough », une chanson sociale et politique en même temps. C’est pourquoi elle n’est pas passée ni à la radio ni à la télé.
Pour cet album, êtes-vous satisfait des échos qui vous parviennent?
Bien sûr, même si je ne sais pas s’il a encore une place importante sur ce marché dominé par la chanson » spécial fêtes », mais une chose est sûre: selon mon éditeur, plus de six mille exemplaires ont été déjà vendus. C’est quand même encourageant pour un début. N’est-ce pas?
Le prochain album, c’est pour quand ?
Cela ne dépend pas de moi. Il faut tout d’abord trouver un éditeur. Cette fois-ci, je ferai aussi un peu de folklore. Dans le premier produit, j’ai recouru à des styles divers (oriental, turc, moderne). Car, je découvre que dans ce domaine, il faut s’aligner avec les autres, sinon n’espérez pas une quelconque réussite.
Hocine OH, votre dernier mot…
Je ne suis qu’à mes débuts, mais je vois que ce domaine est féroce. Il ne faut pas pour autant se décourager, surtout lorsqu’on sait que produire est déjà une réussite. Tout de même, je promets à mes fans que, prochainement, mon deuxième album ira dans le même objectif mais avec quelques chansons « spécial fêtes ». Je terminerai par vous remercier et remercier La Dépêche de Kabylie qui fait la promotion des jeunes artistes.
Entretien réalisé par Amar Ouramdane

