La majorité des écoliers de la wilaya de Tizi-Ouzou sont livrés à la rue pendant la longue période des vacances d’été.
Aux Ouadhias, Boghni, Maâtkas et dans d’autres daïras, les écoliers, les collégiens, les lycéens et même les étudiants n’ont d’autres espaces que les ruelles sales, poussiéreuses et étroites de leurs villages ou de leur «chefs-lieux» pour passer leurs vacances scolaires. Beaucoup d’entre eux trainent dans les rues à longueur de journée pour tuer le temps.
Le manque d’espaces culturels, de sport et de loisirs constituent des facteurs aggravants. «Nous n’avons pas où aller. Dans notre commune, nous n’avons ni stade ni maison des jeunes et aucun autre espace juvénile. Nos parents arrivent difficilement à nous assurer notre subsistance alors leur demander de nous offrir des vacances au bord de la mer ou des voyages est insensé.
Nous trainons dans la rue du matin au soir en attendant la rentrée scolaire», regrettera un écolier rencontré au chef-lieu de Souk El-Tenine dans la daïra de Maâtkas. Pire encore, puisque beaucoup d’entre eux, notamment ceux issus de familles modestes, optent pour le travail et les petites bricoles, histoire de gagner quelques sous. «Pour partir en vacances, c’est pratiquement impossible lorsque ses parents sont pauvres. Alors, je travaille dans un chantier du bâtiment comme journalier.
Au moins je gagnerai quelques billets pour assurer ma rentrée universitaire et aussi éviter le dégoût de la rue et des cafés maures», dira un étudiant aux Ouadhias, en signalant que d’autres écoliers s’amusent à vendre des cacahuètes, des bonbons et du tabac au bord des routes. À souligner que les départs en colonies de vacances ne se font plus et les excursions qu’organisaient les écoles sont mises aux oubliettes depuis la décennie noire et même les quelques rares APC qui osaient mettre à disposition des bus à des prix raisonnables pour emmener les écoliers au bord de la mer en l’espace d’une journée au moins, ne le font plus maintenant.
Il parait que ce n’est plus une bonne chose. Rappelons que sous des cieux plus cléments, tous les enfants ont droit au moins à une semaine de vacances réelles. Les services sociaux, de l’éducation et les familles conjuguent leurs efforts afin d’assurer aux mômes une petite semaine de vacances sous un ciel nouveau. De cette manière, les écoliers rechargeront leur batterie et se formeront davantage en vue d’affronter, sous de bons auspices, la rentrée des classes.
Un facteur qui contribue à la réussite et à l’amélioration des résultats des apprenants. Un paramètre que la ministre de l’Éducation, Mme Nouria Benghebrit doit introduire dans la réforme qu’elle a déjà entamée. C’est bon d’annuler le seuil des cours, c’est bon de prévoir des épreuves anticipées au bac, c’est tout aussi bon de penser à alléger les cartables et à améliorer les programmes, il est aussi magnifique de penser à la formation des enseignants et des encadreurs mais il sera sûrement très bon de prévoir une petite semaine de vacances à tous les écoliers sans exception, quitte à faire participer financièrement les parents notamment ceux aisés.
Ce sera alors une belle cerise sur le gâteau. La performance de notre système éducatif ne se confirmera que si tous les paramètres sont réunis. Un écolier qui traine dans la rue pendant presque trois mois, est vite démobilisé et épuisé. Les apprenants ont besoin de fraîcheur pour persévérer. La fraîcheur ne vient que lorsqu’on a réellement changé d’air. Pour le moment, nos enfants ne voient les forêts, les montagnes, le Sahara, les sites angéliques et les 1 200 kilomètres de côte de leur pays que sur l’écran de la télévision. À bon entendeur !
Hocine Taib