Dda Mohand Said Lechani (1892- 1985) un militant, peu connu, de l’amazighité

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Dda Mohand Said Lechani (ou At Qadhi) est originaire du village Aït Helli, dans la commune d’Irdjen, daira de Larbâa Nath Irathen, où il naquit en mai 1892.

Il fit partie, après la vague de Said Boulifa, des premiers instituteurs de Kabylie. On trouvera dans la revue de ‘’L’Occident Musulman et de la Méditerranée’’ parue au volume et numéro 44 en 1987, une présentation assez assurée du docteur Salem Chaker sur le parcourt du personnage de Lechani Mohand Said. Cette présentation, très bien exposée, est d’autant plus lumineuse que la famille Lechani a eu l’amabilité de confier à l’éminent linguiste quelques-uns des cahiers d’études et de réflexions de leur aïeul sur la langue berbère.

La présentation est également suivie d’une exposition du précurseur berbérisant en la personne de Said Boulifa (1865/1931) dont Dda Mohand Lechani était un disciple et avec lequel il partageait la même région natale. Dans la présentation, il est signalé que l’instituteur Lechani, qui sera formé plus tard à l’Ecole Normale de Bouzareah dans la promotion de 1931, avait déjà obtenu, en 1919, un certificat de berbère marocain et suivit l’enseignement de la langue berbère auprès d’Emile Laoust et même du berbérisant André Picard qui dispensait des cours de langue et culture berbères à la chaire de berbère de l’ancienne faculté des lettres d’Alger ; un cours informel repris en 1964 par Mouloud Mammeri jusqu’en 1973.

En 1958, Lechani rédige une étude sur le parler kabyle d’Irdjen. En 1960, il écrit des notes sur quelques faits de stylistique du même parler. Il serait encore d’avantage utile que ses cahiers soient tous publiés à compte d’auteur ou encore avec le concours du HCA qui n’hésitera pas à prendre en charge cette opération didactique.

Ces cahiers serviront sans doute de source et de supports pour des projets de recherches aux étudiants des instituts de tamazight de Kabylie. Dda Mohand Said Lechani avait d’intenses et étroites rencontres avec Mouloud Mammeri autour de la question du devenir de la langue amazighe. Il a également mené une vie de militant nationaliste de tendance socialisante.

Durant la colonisation, il a été en outre élu au conseil général avec d’autres personnalités kabyles pour représenter leur région dans le cadre d’un intérêt général pour l’Algérie. La plupart des élus régionaux algériens ont démissionné suite aux décisions du FLN. Avec un groupe d’instituteurs, ils fonderont, au sein du GPRA à Tunis, une commission chargée de préparer des projets liés aux questions d’éducation en prévision de l’indépendance du pays. C’est en son domicile d’Alger que Dda Mohand Said Lechani s’est éteint, le 25 mai 1985, à l’âge de 93 ans.

Abdennour Abdesselam ([email protected])

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