La nouvelle gare routière de Bouhinoun n’a de nouveau que le nom. Actuellement, et envahie comme elle l’est d’une quantité inimaginable de déchets, elle ressemble plus à une décharge qu’à une gare.
Une gare routière ou une décharge contrôlée à ciel ouvert ? À découvrir l’état dans lequel sont les lieux, la seconde proposition semble être la plus adaptée à la situation. En effet, si les alentours de la gare située sur la RN12 à Bouhinoun ne sont pas entretenus, accueillant toutes sortes de déchets, l’enceinte de la structure n’est pas épargnée. Elle est envahie de déchets et donne l’impression d’être une décharge où sont entassées toutes sortes de détritus. Un sinistre pour les milliers de voyageurs qui l’empreinte quotidiennement.
Arrivés sur les lieux et à peine les pieds à terre, l’image qui s’offre à nous est des plus désolantes. Derrière les bus en stationnement dans le parking intérieur de la gare, des cartons, bouteilles en plastiques, et une quantité importante de gros sacs noirs éventrés, jonchent les sols. Ils sont vraisemblablement parvenus, en majorité des commerces exerçant dans la gare. Un tas de sacs en plastique attendent d’être transportés vers une décharge publique, à moins qu’on ne prenne l’initiative de s’en débarrasser autrement et sur les lieux. À voir les traces d’incinération et les restes de déchets encore fumant, on comprend tout de suite que les poubelles resteront là et finiront par être incinérées et que, réellement, la gare fait aussi office de «décharge publique».
L’incinération pourtant interdite se fait parfois en «plain jour, laissant envahir l’espace de fumées qui rendent l’atmosphère insupportable et pour les voyageurs et pour nous les opérateurs de transport», nous dira un transporteur rencontré sur les lieux. Le spectacle affligeant qui s’offre aux voyageurs qui arrivent à la gare les suivra jusqu’aux endroits réservés au stationnement des véhicules devant assurer la liaison vers les localités de la wilaya. Parfois, on est obligé d’enjamber des bouteilles et toutes autres sortes de détritus pour passer. On se demande d’ailleurs ce que peuvent bien changer à la situation les efforts qu’accomplissait là devant nous un agent d’entretien balayant une partie de l’accès pour le débarrasser des détritus.
Car vu l’état des lieux, une poignée de simples agents d’entretien ne pourra jamais y faire face. C’est une affaire d’opération d’envergure ou de volontariat qu’il faudra initier pour remettre de l’ordre dans la gare routière et lui redonner une image un tant soit peu accueillante. Les voyageurs, eux, ne tardent pas sur place. Ils tentent au maximum de réduire leur passage à un pas hors d’un bus et un autre pas à l’intérieur d’un autre véhicule. «Je n’ai pas pu m’empêcher de prendre une photo de la décharge, là derrière. Je la garde sur mon téléphone pour la partager, plus tard sur les réseaux sociaux. Car, faut-il le dire, normalement une gare ne devrait pas être dans un tel état», dira un passager qui s’apprêtait à rentrer chez lui.
La situation dans laquelle se trouve la gare n’interpelle-t-elle donc personne ? Renseignements pris, une entreprise publique à caractère industriel et commercial (EPIC) est pourtant présente sur les lieux. Elle est chargée du nettoiement et de l’entretien des lieux, elle est aussi responsable des déchets récoltés et de leur devenir. Une mission qui n’est pas accomplie ou du moins pas comme elle devrait l’être. On se demande d’ailleurs où se situe la responsabilité des autorités compétentes ? La direction des transports de la wilaya de Tizi-Ouzou a-t-elle un droit de regard dans ce qui se passe à l’intérieur de la gare, ou l’a-t-elle livré aux voyageurs et opérateurs avec l’intention de la laisser livrée à elle-même. Une gare routière de cette envergure ne devrait-elle pas être entretenue à l’intérieur comme à l’extérieur ? La question reste posée en attendant une intervention de qui de droit pour remédier à la situation.
Tassadit. Ch.