Les cas de mortalité inhérents à la taille de la pierre sont tout simplement intolérables. Il s’agit certes d’un créneau porteur à court terme mais néanmoins mortel dans les mêmes proportions de temps.
On les trouve aux abords des routes de toute la Kabylie exposants leur marchandise faite de tas de pierres de granit et de grès. Cependant, qui se soucie de l’état de leurs poumons ? Qui connaît la silicose qui habite leurs poumons et ne leur donne aucunement le temps de jouir du produit de leur vente et de leur jeunesse ou encore de réaliser leur projet.
Au départ, tout le monde pensait que cette maladie ne touchait que les travailleurs des mines et n’était pas aussi fulgurante qu’aujourd’hui, puisqu’elle ne révélait qu’au bout de 20 années les émigrés mineurs qui s’échinaient dans les fonds des mines de charbon, de houilles et autres. De plus, on ne pensait même pas que l’Algérie pouvait être atteinte par cette pathologie incurable appelée la silicose aigue, puisqu’elle ne concernait que trois pays, en l’occurrence le Mexique, le Brésil et la Thaïlande.
Toutefois, l’Algérie se trouve à la 4e place des contrées où des personnes sont au bout de 6 mois d’exposition et d’inhalation de poussières de silice. D’autant plus que les pratiquants de cette activité n’utilisent aucun moyen de protection contre l’absorption des ces poussières mortelles. Une première étude des dossiers des malades atteints de silicose pris en charge au niveau du CHU de Tizi Ouzou, n’a fait que confirmer la dangerosité de la situation à laquelle s’exposent les tailleurs de pierres.
L’étude a été effectuée par les Dr Ihadadjene, Djegali, Keddou, Kabli et le Pr Messadi, sur la période 2004/2008 et où un décès a été enregistré. Si la moitié des malades (signalons que tous les patients sont de sexe masculin) sont âgés de plus de 65 ans, plus d’un tiers ont moins de 40 ans et sont pour la plupart des tailleurs de pierres. La maladie prédomine en zone rurale (les cas sont issus des localités de Makouda et d’Azazga), avec une fréquence de 72% pour ladite activité par rapport aux autres travaux (de bâtiments, fonderie, industrie du verre, mines…).
Dans leur conclusion, les réalisateurs de l’étude avaient déjà tiré la sonnette d’alarme en soulignant l’importance de la prévention pour éviter la maladie : du dépistage et du suivi médical régulier des travailleurs exposés. Ils recommandent des mesures de protection appropriées et obligatoires. Selon eux, «une étude épidémiologique à l’échelle de la wilaya est nécessaire pour évaluer l’ampleur réelle du problème et prendre les mesures qui s’imposent, notamment pour sensibiliser les jeunes qui ne réalisent pas les dangers encourus».
Il s’agit d’un problème de santé publique, une maladie mortelle qui menace nos jeunes, et les autorités compétentes sont interpellées pour stopper ce massacre à la tronçonneuse.
S.A.H