Des villages en détresse

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La plupart des villages de M’cisna, une petite circonscription rurale située en surplomb de Seddouk, sont aux prises avec un quotidien des plus pénibles.

Le désespoir alimenté par les horizons bouchés, du moins incertains, a poussé des cohortes de villageois à déserter leur patelin. Ceux parmi les infortunés campagnards, qui n’ont pas de point de chute en ville, continuent en dépit de toutes les vicissitudes, à s’agripper vaille que vaille leur clocher, «quand le minimum vital vous permettant de vivre dignement fait défaut, vous êtes forcément habité par la tentation permanente de s’en aller», affirme un ex-habitant du village Iazzouzen, installé depuis des années à la périphérie de la ville de Sidi Aïch. «J’ai longtemps galéré en vivant aux crochets de mes parents, avant de voler de mes propres ailes en montant ma propre affaire», ajoute notre interlocuteur. «Ici, il n’y a aucune opportunité d’emploi et les structures publiques d’accompagnement sont inexistantes», lâche un citoyen du village Ighil Meloulen, où le dénuement et la misère se conjuguent à tous les temps. «Il faut se rendre à l’évidence : les gens ont en assez de souffrir le martyre, en étant obligés de faire des kilomètres pour un extrait de naissance, un courrier postal ou un soin infirmier», explique Hamid, un quadragénaire du village Ighil Ouantar. De s’être monté le bourrichon, avoue-t-il, il a fini par se résoudre à mettre un trait sur sa vie à la campagne. A l’image de Hamid, beaucoup de villageois se sont accrochés à l’espoir d’un chimérique changement, avant de prendre le chemin de l’exode en trainant la dépouille de leur rêve vers des cieux pas forcement plus cléments. «Aussi nobles et ambitieux soient-ils, les différents programmes d’aide à l’habitat rural n’ont pas dissuadé les villageois de s’en aller. Quand on ne peut ni travailler ni se soigner, on n’a que faire d’un logis», déclare Saïd, un habitant du village Amagaz. Le démantèlement de l’économie rurale traditionnelle, fondée essentiellement sur l’élevage, l’agriculture et l’artisanat, a mis les campagnards devant un scabreux dilemme : partir ou végéter dans le dénuement. Beaucoup ont cédé la mort dans l’âme, aux sirènes de l’exode.

N. Maouche

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