Les priorités de Bouira

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C’est aujourd’hui samedi, que le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal rencontrera les premiers magistrats des 48 wilayas du pays. Cette rencontre aura pour objectif de « préparer sereinement » la rentrée sociale.

M. Sellal compte également de s’enquérir des préoccupations des citoyens, et ce, à travers les «yeux» du pouvoir central, dans leurs wilayas respectives. Certes, il y’a des instructions et autres orientations de la part du Premier ministre, conformément à la feuille de route tracée par le Président de la République, mais M. Sellal consacrera une partie de cette réunion à «sonder» ses administrés et leurs aspirations à travers les walis. M. Nacer Maaskri, wali de Bouira ne manquera certainement pas, à l’instar de ses «collègues» d’exposer au premier ministre, les priorités de sa wilaya et les attentes de la population. Ces préoccupations, attentes ou bien doléances, peu importe leurs appellations, sont à la fois simples et tellement complexes à satisfaire, dans une conjecture peu favorable, pour ne pas dire difficile. Pour Bouira, comme pour toutes les autres régions du pays, on peut répertorier un «triptyque» indissociable et des plus importants pour les citoyens : Logement, emploi et pouvoir d’achat et sécurité. Ces «thèmes», où l’absence de l’un d’entre eux est, dans la majeure partie des cas, synonyme de grogne sociale.

Logements : Halte aux retards et à l’opacité

Tout d’abord le logement. A Bouira, il est l’un, sinon le premier vecteur de contestation sociale et autres fermetures ; de routes, de mairies et de sièges de daïra. Le logement, sa rareté et les conditions de son attribution que certains qualifient d’opaques, est pour ainsi dire le «catalyseur» de toute la colère populaire. Des termes comme «maarifa», «passe-droit» et «chippa», sont fréquemment utilisés par les citoyens, afin de s’insurger contre une présumée injustice qui entacherait l’attribution de ces logements tant convoités. Depuis le début de ce mois d’août, la wilaya de Bouira est «secouée» par un mouvement de grogne de la part des demandeurs de logements sociaux, ainsi que ceux des souscripteurs à la formule AADL datant de 2002. Ils ont fait des journées des mardis, «leur journée», où ils manifestent à tout va ! D’ailleurs, dans nos précédentes éditions, il a été fait état d’une «rentrée mouvementée» en perspective, si les responsables locaux, continuaient à faire «la sourde oreille» à propos des exigences de la population. D’un autre côté même si la wilaya de Bouira a accompli des efforts non négligeables dans la construction de logements tous types confondus depuis plus d’une décennie, il n’en demeure pas moins que le retard, enregistré dans la matière, reste très important. Ainsi et selon le rapport de la direction de l’Habitat de Bouira, ce ne sont pas moins de 82 809 logements qui ont été programmés depuis 2005. En effet et pour le plan quinquennal 2005-2009, il a été programmé pas moins de 35 718 unités de logements répartis entre les différentes formules LSP, LPL, habitat rural… Pour ce qui est du plan quinquennal 2010-2014, le rapport indique que pas moins de 41 989 logements sont programmés. Actuellement, près de 23.000 unités de logements, toutes formules confondues, sont en cours de réalisation à Bouira, ce qui est relativement important, mais qui reste insuffisant afin d’endiguer la crise du logement. Dans le détail et selon le rapport du secrétariat général de la wilaya, pour le programme LPL, la wilaya a eu un quota de 20 325 unités, dont 10 868 sont en cours de réalisation, 8 125 réceptionnées et 1 332 qui n’ont pas été entamées. S’agissant de l’habitat rural, il se taille la part du lion avec pas moins de 47 283 unités, dont 8 237 qui sont en cours de réalisation, 34 584 réceptionnées et 4 462 qui sont en attente de lancement. Concernant la formule location-vente (L.V), la wilaya s’est vue octroyée 4 400 logements, dont 900 ont été livrés et 3 400 autres sont en voie de réalisation. La formule LPA-LSP a, quant à elle, eu pas moins de 7 391 unités ; sur ce chiffre, 2 838 sont en cours de réalisation, dont 393 logements ont été lancés en 2014 et 3 857 réceptionnés, dont 196 en 2014.

Emploi et pouvoirs d’achats : Plus de 40.000 postes «dans la nature»

La seconde préoccupation des citoyens se situe au niveau du front de l’emploi et du pouvoir d’achat. Deux éléments complémentaires, car qui dit chômage dit érosion du pouvoir d’achat, économie au ralenti et une paupérisation inévitable de la société. La wilaya de Bouira offre plusieurs pistes afin de créer de l’emploi et des richesses, mais ces potentialités, sont soit sous exploitées, soit en jachère. Les secteurs du tourisme et de l’artisanat sont carrément à l’abandon, celui de l’agriculture, malheureusement n’attire plus grand monde du fait des grosses difficultés que connaissant les agriculteurs, celui des transports beigne dans une parfaite anarchie, seul le BTPH connait un certain essor, avec plus de 31% des postes d’emploi proposés. Selon les chiffres officiels, le taux de chômage à Bouira avoisine les 8.51%, ce qui est plutôt «appréciable» par rapport au niveau national, avec un taux de 10.6%. D’après le rapport officiel des activités de la wilaya pour l’année écoulée, sur une population en âge de travailler, laquelle est estimée à 266.457, 243 873 personnes ont un emploi et 22.584 sont au chômage. En outre, le rapport lu par le secrétaire général de la wilaya indique que pour la période s’étalant du 31 décembre 2013 au 31 décembre 2014, pas moins de 13.018 demandes d’emploi ont été formulées auprès des différents organismes d’aides à l’emploi à travers le territoire de la wilaya. Autre sources d’emploi et de création de richesse est sans conteste la zone industrielle de Sidi Khaled, laquelle, générera près de 6 000 postes d’emploi, selon le wali de Bouira. Il y’a également la futur zone industrielle de Dirham (Sud de la wilaya). Ainsi et selon les rapports de la direction de l’emploi de Bouira, pour les 100 dossiers validés nécessitant 120 ha, on table sur la création de 7 212 emplois. Dans le secteur de l’agriculture, ce ne sont pas moins de 10 000 postes d’emploi directs et indirects qui devraient être générés par la mise en service prochaine du périmètre irrigué du plateau d’El-Esnam et de la vallée du Sahel, à en croire M. Bendaoudia M’Hamed, le chef du projet, «Il est attendu la création de plus de 10.000 postes d’emploi, dont 5.000 permanents, une fois ce périmètre irrigué lancé». Pour ce qui est du secteur du tourisme et de l’arisant, il pourrait, selon le rapport de la wilaya de Bouira -s’il était bien pris en charge-, générer pas moins de 8 000 postes. Si on fait l’addition, uniquement pour les secteurs cités, c’est près de 23.000 postes d’emplois qui peuvent être générés rapidement. Selon des spécialistes de la question, la wilaya de Bouira pourrait offrir plus de 40.000 postes d’emploi au niveau des différents secteurs d’activités. Ce chiffre donne à réfléchir sur la nécessité de confectionner des mécanismes, à même de créer ses emplois et par ricochet des richesses.

La sécurité un élément clé

Dernier point et non des moindre, qui devrait être exposé par le wali au Premier ministre, celui relatif au renforcement de la sécurité des biens et des personnes au niveau de la wilaya. Le phénomène de la petite délinquance «explose» littéralement à Bouira. Il ne passe plus une seule journée que des faits d’agression sur des personnes ou des biens ne soient enregistrés. La cellule de communication de la sureté de la wilaya, à travers ses communiqués mensuels, confirme cette tendance haussière. Au niveau du chef-lieu de wilaya, tout comme dans les petits patelins, l’insécurité gagne du terrain et les citoyens, notamment à la tombée de la nuit, n’osent plus sortir de chez eux de peur d’être agressés. Il y’a aussi le terrorisme ! Certes, il est selon la formule consacrée «résiduel», mais il est bel et bien là notamment dans les zones montagneuses et isolées de la wilaya. Même en plein centre-ville de Bouira, des actes terroristes continuent à être commis, comme ce fut le cas durant le mois de ramadhan dernier. Néanmoins, on est loin, très loin même de la situation de Bouira, lors des années de braise, où cette wilaya était considérée comme une «zone interdite». Les troupes de l’ANP ont très fait bien leur travail, en nettoyant cette wilaya des groupes armés qui y activaient. Ces coups de boutoir à répétition de la part des éléments de l’armée ont pu rétablir l’ordre et la sécurité dans une wilaya, qui était dans un passé pas si lointain, considérée comme un véritable «coupe gorge». Tous ces éléments et bien d’autres encore devront être exposés au Premier ministre lors de la réunion d’aujourd’hui, et ce, dans le but d’offrir des solutions pérennes, et par conséquent éviter une «implosion» sociale.

Ramdane Bourahla

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