Ce n’est pas le grand rush !

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Si dans d’autres contrées, les pères de familles prennent d’assaut les magasins, à Aïn El Hammam, les marchands d’habits parlent de «commerce froid», pour le moment.

On observera peut être un changement durant le week-end. D’habitude, les ventes commencent quinze jours avant la rentrée. Ce qui n’est pas le cas, cette année. Il faut reconnaître que l’été a été rude pour les parents. Le mois de carême, l’Aïd et suivie d’une multitude de fêtes ont fini par vider les bourses. De nombreux résidents, véhiculés, vont faire leurs emplettes dans les grandes villes où, disent-ils, ils ont «un large éventail de choix». Les fripiers qui ont pourtant prévu un rush, se plaignent aussi de la mévente de leurs produits. Lors de notre passage dans un magasin, nous n’avons croisé que quelques clients en train de fouiner dans un tas de fripe provenant d’une balle que le marchand venait d’ouvrir. Là aussi, les clients ne se bousculent pas «faute de qualité», nous dit l’un d’eux. Les arrivages de vêtements, susceptibles de leur plaire, se font rares. Les étagères sont pourtant pleines à craquer. Répondant à notre remarque sur les prix élevés pratiqués pour de vieux vêtements, un jeune vendeur nous informe que «les prix des balles ont augmenté à la source. La plupart des vêtements que nous y trouvons sont invendables. Nous devons nous rattraper sur les meilleures choses.» Entre les marchands et les clients, l’appréciation des prix et de la qualité est différente. Les premiers vantent leur marchandise «de meilleure qualité qu’en vitrine» alors que les seconds ne trouvent pas d’effets à leur convenance, aux prix escomptés. Même si certains dénigrent ces boutiques, de nombreux consommateurs y trouvent «leur compte». Les petites et moyennes bourses ne peuvent s’en passer. «Nous y trouvons de la qualité à des prix abordables», rétorque un acheteur qui a dégoté «un pantalon, une veste et des chaussures de très bonne qualité pour moins de six mille dinars, le tout. Les mêmes objets ne se vendraient pas moins de douze mille dinars dans un magasin.» Aujourd’hui, il est impossible pour un «petit salaire» de subvenir aux besoins de quatre enfants, tout en faisant face aux dépenses quotidiennes de sa famille. Difficile d’aborder les clients et de leur poser des questions sur leurs revenus, sans froisser leur égo. «En plus des vêtements, nous devons faire face aux fournitures scolaires encore plus chères, cette année», consent à nous dire, sans complexe, un journalier qui ne cache pas ses difficultés à faire vivre les siens, en ces temps de disette.

A.O.T.

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