Tamokra, une circonscription rurale déshéritée, située sur la rive droite de la Soummam, compte parmi les régions les plus mal loties en matière de couverture sanitaire. «Nous sommes les victimes expiatoires d’un système de santé qui fait la part belle aux péroraisons creuses et aux professions de foi, qui n’ont aucun prolongement sur le terrain», clame tout de go un citoyen de Tamokra, commerçant de son état. «Même les médecins et les pharmaciens privés boudent notre région, laquelle, il est vrai, n’est pas financièrement attractive pour ces professions libérales», fait-il remarquer. S’agissant des infrastructures publiques disponibles, leur nombre réduit rend aléatoire l’accessibilité aux soins pour l’ensemble des citoyens, particulièrement ceux des localités excentrées et recluses. «Nous disposons d’un centre de santé au chef-lieu communal, ainsi que deux unités de soins implantés à Tizi Aidel et Bicher. De par leur nombre insuffisant, ces structures sont aux prises avec un déficit chronique en matériel et en personnel», relève un quadragénaire du village Bicher. «On peut s’estimer chanceux, ajoute-t-il, car dans d’autres localités isolées, comme Tassira et Boutouab, il n’y a pas l’ombre d’un infirmier à une dizaine de kms à la ronde». Un jeune citoyen du village Boukerdous, un autre village tout aussi dépourvu de couverture sanitaire, dénonce une «santé à plusieurs vitesse». «Sinon, s’insurge-t-il, comment expliquer que des points d’urgence, des laboratoires et autre maternités sont réalisés un peu partout sauf à Tamokra». Un autre habitant du village Tassira trouve «scandaleux et lamentable» que la population de ce patelin et tant d’autres, soient encore obligée de parcourir plusieurs kms pour avoir droit aux soins infirmiers. À Tamokra, ils sont nombreux les citoyens à établir une relation de causalité entre ces carences et le mouvement d’exode qui touche, nous signale-t-on, tous les villages. «On ne peut pas échapper au déracinement, quand il n’y a à la campagne ni école, ni hôpital, ni travail», tranche un vieil artisan de Tamokra.
N. Maouche