Violence et laxisme à l’université

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L’université algérienne se clochardise, c’est le malheureux constat soulevé à maintes fois, par les enseignants et les chercheurs universitaires. En effet, il ne se passe pas une année, où ne l’on soulève pas des cas de violences à l’intérieur de nos enceintes universitaires. Ces cas de violences sont souvent l’œuvre de groupes d’étudiants, qui, faute d’assiduité essayent par le moyen d’un forcing violent d’imposer à l’université leur échec. Cet état de fait, hélas récurent, bloque sérieusement l’émancipation de l’université algérienne, et incite dans le même sillage, nos chercheurs à la fuite. L’université de Bouira n’a malheureusement pas été épargnée par ce fléau. En effet et depuis plusieurs années, une multitude de cas d’agressions et de violences ont été signalés à l’intérieur même de l’enceinte universitaire. Bagarres générales, agressions physiques et morales à l’encontre des enseignants, fermetures répétitives de l’université… sont des faits qui rythment le quotidien des étudiants et des enseignants. L’on se souvient tous, l’année dernière, de l’affaire de l’agression d’une enseignante de la faculté des sciences de la vie, survenue en plein examen par un étudiant du département électronique. Cette affaire, qui avait fait couler beaucoup d’encre, a soulevé l’ire de l’ensemble des enseignants de l’université qui avait déclenché un mouvement de grève de plusieurs jours et avaient organisé plusieurs rassemblements de protestation. Poussés dans leurs retranchements, ces derniers avaient dénoncé «le climat d’insécurité qui règne à l’intérieur de l’université mais aussi le mutisme de l’administration face aux étudiants perturbateurs». En réaction à ce mouvement, l’administration avait réagi avec «une main de fer», en excluant l’étudiant auteur de l’agression et en entamant une poursuite judiciaire contre lui. Des actions qui ont calmé la grogne des enseignants, mais n’ont nullement régler définitivement ce problème, puisque ces mêmes pratiques ont refait surface au premier jour de la rentrée universitaire. Ce fléau est quelque part encouragé par le laxisme affiché par l’administration. Voulant à tout prix éviter la «grève», cette dernière laisse faire ou réprimande à peine au lieu d’opposer aux transgresseurs la force de la loi. L’absence de débat serein, franc et constructif, entre les différentes parties de cette université pose sérieusement problème à l’université Akli Mohand-Oulhadj de Bouira. Une solution envisageable pour l’université de Bouira, puisque elle a eu ses fruits ailleurs, notamment dans d’autres universités de Kabylie, notamment à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, où l’initiative de la coordination locale des étudiants (C.L.E) avait réussi, en 2011, à instaurer le concept de «famille universitaire». Un cadre qui avait regroupé les représentants de l’ensemble des acteurs de l’université (étudiants, enseignants, administration et travailleurs). Les initiateurs se sont fixés un seul objectif, à savoir le débat. Une démarche qui avait réussi à atténuer la tension entre les différentes parties. Cette expérience a été aussi reconduite à l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa, où enseignants et étudiants se sont mis autour d’une table, et ce, afin de débattre des problèmes qui secouent leur université. Cependant, l’absence de cadre légitime et représentatif des étudiants à Bouira, peut enfreindre ce genre d’initiatives progressistes. Les organisations étudiantes satellitaires, présentes en masse à l’universitaire, ne peuvent en aucun cas représenter une alternative pour les étudiants. Mal organisées et peu crédibles, ces organisations n’arrivent toujours pas à faire adhérer les étudiants à leurs projets respectifs, car souvent animés par des desseins politiques et idéologiques, au détriment des revendications pédagogiques et sociales estudiantines.

O. K

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