Comme à chaque hiver, lors des grandes pluies ou des chutes de neige, les citoyens qui fréquentent la grande rue ne peuvent passer sans un regard inquiet aux vieilles bâtisses qui risquent de s’effondrer à tout moment.
Bâtis, durant la colonisation, des dizaines de magasins ont fait de cette partie de la ville le quartier commerçant le plus important avant que de nouveaux bâtiments ne viennent le détrôner. Les habitations érigées au premier étage et qui servaient d’habitation aux fonctionnaires français de l’époque coloniale, ne sont plus que ruines hideuses, donnant un aspect de désolation au quartier, jadis si animé. La plupart des toitures, fragilisées par les infiltrations d’eau de pluie ont fini par céder, laissant apparaître des pans de murs en constante dégradation… Le sol, jonché de débris de ce qui fut un plafond, risque à tout moment de s’abattre sur les commerces d’en dessous, dont les propriétaires n’en finissent pas de colmater les brèches. Las de ces rafistolages, certains commerçants qui y ont pourtant vécu des décennies, ont fini par fermer les portes de leurs locaux, devenus dangereux. Les murs de pierre pendent telle l’épée de Damoclès au dessus de la tête des passants qui se demandent par quel miracle un amas de pierres tient encore debout. Arrachées par le vent, des tôles ayant servi à couvrir les balcons, n’attendent plus qu’un souffle violent pour s’abattre cinq mètres plus bas. Les murs des locaux, au niveau de la rue, sont tous lézardés et certains penchent dangereusement vers le trottoir. Qu’à cela ne tienne ! Certains propriétaires s’y accrochent malgré leur vétusté. Ils savent, pourtant, qu’ils sont appelés à les quitter un jour, très proche. Cependant, voulant reculer l’échéance le plus tard possible, ils semblent peu soucieux de leur responsabilité si un accident venait à survenir. Personne, parmi eux, ne se presse pour engager des travaux de démolition afin d’écarter tout danger qui menacerait les citoyens.
A.O.T.

