«Tout est fin prêt pour la réussite de la rentrée scolaire», promettaient les responsables de l’éducation à Boumerdès, à quelques jours de la rentrée des classes. Mais la situation des scolarisés, notamment ceux du cycle primaire, s’est avérée pénible, depuis un mois. Longtemps contenue, la colère des parents d’élèves des écoles du chef-lieu même de la wilaya, à fini par s’exprimer. «Peut-on accepter que nos enfants continuent de souffrir dans des établissements où la saleté règne en maîtresse et menace leur santé ?», s’inquiètent deux dames qui attendaient, hier vers 11h30, leurs enfants devant l’école primaire Hocine Bayou. Un autre père de famille tiendra à témoigner du calvaire vécu par son enfant : «Combien de fois mon fils de neuf est revenu à la maison trempé d’urine. Il se plaint à chaque fois, comme ses camarades, de ne pouvoir entrer dans les latrines inondées par des matières fécales», dira avec tristesse ce quinquagénaire. «Je me suis porté volontaire, en compagnie d’autres parents d’élèves, par deux fois depuis un mois, pour le nettoyage des fosses d’aisance de cette école», a-t-il renchéri en colère. Il ajoutera, la rage au cœur : «Nous avons, en tant que parents d’élèves, moult fois signalé ce problème à l’assemblée communale à laquelle incombe l’entretien des écoles primaires, mais en vain». Les mêmes souffrances sont pratiquement vécues par les petits écoliers au site avoisinant de Sghirat, situé près de l’ex-Figuier. «Nos enfants sont contraints, dans leur école en préfabriqué de retenir leurs selles et leur urine, ce qui est à la longue néfaste pour leur santé», s’inquiète un quinquagénaire, infirmier-urgentiste de son état. Les robinets de l’établissement sont à sec et le parterre jonché d’immondices, alors qu’on enseigne à l’enfant dés le début de sa scolarisation les bienfaits de l’hygiène, s’indigneront plusieurs parents d’élèves. «Orientés vers le collège d’El Kerma dès qu’ils accèdent en sixième, nos enfants à peine âgés de 11 ans sont condamnés à faire quotidiennement une trotte de 4 kms», se plaignent d’autres chefs de famille au niveau du même site. L’un d’eux enchaînera : «L’instance concernée feint sans doute d’ignorer que les petits élèves sont incapables d’assimiler le programme, déjà trop lourd, en l’absence d’un ramassage scolaire leur permettant d’économiser leur temps et leur énergie pour les révisions». Une carence signalée avec insistance également par les parents d’élèves d’autres municipalités, à l’instar de celles de Keddara, Chabet El Ameur et Timezrit. Autre constat facile à faire mais difficile à admettre : Presque toutes les classes des différents établissements du département, tous cycles confondus, sont saturées. La norme universelle de 25 éléments par division pédagogique est multipliée par deux, notamment au cycle primaire. Même l’école Ali Hamdane de l’ex-Rocher Noir, fréquentée surtout par les enfants des cadres de la wilaya, ne fait pas cette année exception. «La classe de troisième année primaire compte à elle seule 47 élèves, parmi eux mon fils», dira une ancienne fonctionnaire de la direction locale des services agricoles qui s’inquiète au passage de l’absence de ralentisseurs sur la ruelle attenante à l’établissement traversée à vive allure par les automobilistes. En plus de cette surcharge, à laquelle on a fini par s’habituer, les enfants scolarisés ne disposent pas de cantines scolaires dans de nombreuses communes semi-rurales. Ayant profité de leur tête-à-tête avec la ministre Nouria Benghebrit, au siège des œuvres sociales de Boumerdès, et ce le 8 septembre dernier, de nombreux directeurs d’écoles lui avaient avoué que leur établissements «étaient dépourvus de cantines et ne pouvaient offrir ne serait-ce qu’un repas chaud aux écoliers venant de douars éloignés».
Salim Haddou
