L'enlèvement du jeune Amine à Alger est devenu un sujet de discussion aussi bien dans les moyens de transport que dans les cafés et les domiciles. Si tout le monde compatit avec la famille de ce jeune écolier de sept ans, la psychose est à son comble.
D’ailleurs, cela est visible devant toutes les écoles primaires de la ville avant huit heures ou encore à la sortie de seize heures ou des autres moments de la journée. Des dizaines de femmes, de jeunes hommes, de jeunes filles et même des grands parents attendent devant les portails la sortie des élèves pour accompagner leurs enfants, leurs frères ou leurs petits enfants chez eux. » Il ne faut plus avoir confiance. La rue est devenue un lieu d’insécurité. L’histoire du petit Amine nous hante. Même mes deux petites filles qui ont entendu parler de cet enfant ne veulent plus se rendre seules à l’école ni encore revenir le soir. C’est pourquoi je suis là. Vraiment, c’est un véritable cauchemar. Au lieu de se concentrer sur leurs cours et sur ce qu’elles doivent faire comme devoirs à la maison, elles posent beaucoup de questions à propos du devenir de ce petit garçon. Nous ne savons plus quoi faire ni quoi leur répondre. Et la seule façon de les rassurer est de les accompagner tout le temps », nous dira une jeune femme entièrement impuissante. Comme cette femme, toutes les autres personnes que nous avons pu approcher pensent la même chose et se posent la question si cela va encore durer longtemps. Fort heureusement, depuis plus de deux ans, suite aux directives de la ministre de l’Education nationale, les élèves ne sont pas libérés après le repas de midi. » Une fois qu’ils sont dans la cour de l’école, nous sommes rassurés. Mais, toujours est-il, il ne nous est pas permis de perdre un peu l’attention. Tous les parents doivent suivre leurs enfants. Mais, jusqu’à quand? », s’interrogera un autre fonctionnaire qui trouve l’astuce pour prendre un peu de son temps de travail pour raccompagner ses enfants chez lui. » Le matin, c’est ma femme qui se charge de cette tâche. Mais, à la sortie de quatre heures, je suis obligé de prendre un quart d’heure de mon temps de travail », nous expliquera le même interlocuteur. Cela étant, cette histoire d’enlèvement d’enfants commence à prendre de l’ampleur. La rumeur aidant plonge encore les familles dans la peur. En tout cas, c’est un véritable casse-tête pour tous ces parents qui ne trouvent pas qui accompagner leurs progénitures aussi bien le matin que le soir. Certains s’absentent uniquement pour accomplir cette mission parentale. Des décisions s’imposent afin de tranquilliser les familles surtout que le petit Amine n’est pas encore retrouvé.
Amar Ouramdane