Des ossements de 47 corps attendent exhumation

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Cela fait maintenant soixante et un ans, jour pour jour, après le déclenchement de la guerre de libération nationale décidée par les novembristes pour en finir définitivement avec l'occupation française.

Au fil des années, bien que le cessez-le feu ait été annoncé le 19 mars 1962 après les accords historiques d’Evian et la proclamation de l’indépendance le 5 juillet 1962, des faits d’armes continuent d’être relatés. Cette fois-ci, nous reviendrons sur l’une des grandes batailles d’Algérie, celle dite de Bougarfène, le 6 janvier 1959. A titre de rappel, nous donnerons le chiffre de 385 martyrs tombés au champ d’honneur pour lesquels un carré de martyrs portant le nom de cette bataille est érigé en leur mémoire à quelques mètres du déroulement de cette offensive militaire qui avait mobilisé trente-deux mille hommes soutenus par 32 avions de combat. On ne peut pas occulter qu’en dépit de la supériorité numérique de l’ennemi, les combattants de l’ALN avaient continué le combat même au corps à corps surtout après la capture du sinistre capitaine Grazziani, le tortionnaire de Louisette Ighilahriz et de nombreuses militantes de l’ALN, et le lieutenant Chassin. Cependant, n’oublions pas que la population civile avait chèrement payé son adhésion à l’armée du peuple algérien. Et c’est ainsi qu’en plus de celles ayant tout perdu (maisons, biens, bétails) et celles ayant été torturées ainsi que celles soufflées au napalm, d’autres n’avaient d’autre solution que fuir la géhenne. Mais, au bout du compte, on parle de plus de quarante-sept hommes dont un seul avait un fusil de chasse qui étaient bloqués dans un abri au lieu-dit Afroun (Assif N’Tletta) avant de fermer sur eux l’ouverture du tunnel dans lequel ils voulaient se cacher avec du béton.  » C’était des civils. Donc, ils avaient les mains vides. Ne voulant pas sortir de leur cache, les soldats français les avaient gazés avant de refermer l’ouverture avec du béton. Leurs ossements sont à l’intérieur. En tout cas, c’est un autre crime contre l’humanité « , nous racontera un moudjahid. A chaque célébration d’une date historique, comme ce fut le cas dernièrement de la célébration du 56° anniversaire de la bataille de Tachtiouine du 5 mars 1959, les enfants de chouhadas ainsi que les moudjahidines présents avaient réitéré cet appel en vue d’exhumer leurs ossements afin de les inhumer dans un carré de martyrs. « Ce sont eux aussi des victimes de guerre. Ils devront être reconnus comme tels. N’est-ce pas? », nous interrogera le même moudjahid. Y aura-t-il un écho auprès des responsables interpellés à ce sujet? Les ayant-droits et les moudjahidines encore en vie souhaitent qu’une piste soit ouverte vers cet endroit fortement boisé et qu’une équipe de spécialistes dans la recherche des ossements et leurs reconstitutions soit dépêchée à Afroun afin de faire la lumière sur ce fait resté jusque-là comme un  » mystère ». L’appel est lancé même pour déplacer la tombe commune de quatre chahids, sise sur les abords de la R 25, à quelques mètres du stade communal Mechi Amar, enterrés dans cet endroit juste après avoir été tombés au champ d’honneur le 12 octobre 1960 dans le même périmètre, c’est-à-dire à proximité des poulaillers communaux. Exhumer tous ces ossements et les ré-inhumer dans un carré de martyrs est une reconnaissance et un pas de plus dans l’écriture de l’histoire de tous ces hommes restés dans l’anonymat cinquante-trois ans après l’indépendance de notre pays, chèrement arrachée après 162 ans de colonisation et de souffrance.

Amar Ouramdane

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