Le conclave salvateur des At Rgad est mis en veilleuse. La cause : attendre que le brouillon de la constitution soit mis au propre. Qui sait, il se pourrait que pour une fois, la montagne n’accouche pas d’un souriceau et que derrière le très brouillant instrument à percussion se cache, au final, un Voltaire que personne n’a décrypté. N’est-ce pas que nul n’est Voltaire dans son pays ?
Lhasun, Taddart décide d’accorder le bénéfice du doute aux mis sur le banc des accusés.
En attendant que «tawettuft ad teddu d tislit (la fourmi convole en justes noces)» Sadiya n l’Euro puise dans sa générosité et sa caisse devise et invite ses compagnons à une escapade du côté du Palais des expositions.
A une centaine de mètres du Palais, Da Militant n’en croit pas ses yeux :
– Vous voyez ce que je vois ?
– Tu vois quoi ? Interroge Kaci l’Angoisse.
– l’enseigne, là haut ! Il est écrit : le Salon International du Livre Amazigh vous souhaite la bienvenue.
– oui, oui, je vois. Je pense avoir introduit les mauvaises données dans la machine. Du coup, nous avons atterri dans le futur, dans une Algérie parallèle ou, encore, en Algérie post constitution-brouillon.
Le Salon grouille de monde. Tous les pays du monde y exposent leurs nouveautés littéraires. Aucune trace du livre religieux. Rien que de la création. Pour sa part, le pays organisateur y participe avec 113 maisons d’éditions et pas moins de 2 500 nouveautés littéraires, tous genres confondus.
En guest star, le Liban, l’invité d’honneur, y occupe quatre chapiteaux. On s’y bouscule pour dédicacer «Printemps arabe : saison sans hirondelle», de Georges Al-Mouafa et «Dieu n’était pas arabe», de Abedullah Bedreddine.
Mais là où l’on se bouscule le plus et sans retenue, c’est au niveau de15 chapiteaux abritant la littérature amazighe dans toutes ses variantes. 1 000 nouveaux titres, dont les quatre nominés au Goncourt y sont proposés.
«Yiwen wass yerfa usefru (le jour où le poème s’était rebellé)», le tout nouveau recueil de poésie du jeune M’hend Oukaci, a suscité l’intérêt de bon nombre d’amateurs de tamedyazt.
Cela étant, le genre romanesque reste le plus prisé par notamment les hôtes de l’Algérie. On s’arrache les nouveau-nés des écrivains d’expression kabyle les plus connus au monde. En voici quelques titres de ce genre littéraire kabyle : «Jedjigga mmlaɛyun gar ifasen uderɣal (Jedjigga aux beaux yeux entre les mains d’un aveugle)», le dernier roman de l’indomptable et non-conformiste, Nadia At Yidir. «Yemma ur tedda ara hafi (ma mère ne marchait pas pieds nus)» de Djamel Aziz. «Icat (sa suffit) !» de Hafit Hocine. Dans un autre genre, «FFCD : asirem d ughuru (FFCD : espoir et trahison)», un essai de Hamid Aserti, et «tella zik derbuka (il était une fois une derbouka)», du même auteur, sont les livres qui suscitent le plus la polémique.
T.O.A