Tirs groupés sur le chef de daïra

Partager

Dans une déclaration, signée par les différents comités de villages de la commune de Souk El Tenine, regroupés au sein d’une coordination, et affichée à travers tout le territoire de la commune de Souk El Tenine, au Sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, la dite coordination dénonce les blocages et la remise en cause de plusieurs projets par le chef de daïra de Maâtkas.

Dans leur déclaration, les rédacteurs signalent «la tentative de saboter le projet de restructuration du chef-lieu en partenariat avec l’agence foncière. Le chef de daïra n’a pas approuvé une délibération pour l’inscription d’une unité de BMPJ tout en sachant que les citoyens vivent les affres de la drogue, de l’insécurité de perturbation de la circulation routière,… Il a bloqué l’unité de la Protection civile prétextant que ledit projet est inscrit pour être réalisé au chef-lieu de daïra». Et d’enfoncer davantage le clou en écrivant «l’absence totale du chef de daïra pendant les moments difficiles qu’ont vécus les citoyens lors de la saison estivale écoulée. Pour des considérations que nous jugeons futiles, les dossiers de l’habitat rural traînent au niveau des services de la daïra depuis le mois de janvier dernier». Les rédacteurs citent encore d’autres carences qui persistent au niveau de leur commune, à savoir le raccordement au gaz naturel et la gestion de l’eau potable. Pour terminer, la coordination appelle : «les autorités compétentes doivent intervenir dans les meilleurs délais pour arrêter ces dérives et venir à bout d’une situation qui risque de s’aggraver».

Le chef de daïra se défend

Le chef de la daïra de Maâtkas que nous avons questionné n’est pas allé du dos de la cuillère et a répondu point par point aux accusations dont il a fait l’objet de la part de la coordination. «Lorsqu’il y a des problèmes, on ne doit pas chercher un bouc émissaire et manipuler les citoyens. Il faut chercher les erreurs en soi et corriger ce qui peut l’être», dira notre interlocuteur. Concernant le projet de la restructuration du chef-lieu en partenariat avec l’agence foncière, le premier responsable de la daïra de Maâtkas précisera : «L’exécutif communal m’a juste envoyé une simple délibération sans fournir tout le dossier s’y afférant et sans nous associer à l’opération envisagée. Nous avons alors, avant de l’approuver, sollicité l’avis de la wilaya, ce qui s’est fait dans les normes. Maintenant qu’un nouveau fonds de garantie existe, pourquoi travailler avec l’OPGI ?». Pour ce qui est du refus par le chef de daïra d’approuver le projet de construction d’un casernement pour la BMPJ, ce dernier révélera : «La sûreté nationale a refusé l’assiette proposée puisqu’elle ne répond pas aux exigences de ce corps de sécurité. Le wali sortant a délocalisé ledit projet. L’actuel exécutif a fait une autre délibération en proposant une autre assiette de terrain, mais malheureusement, le projet n’est pas inscrit». Pour ce qui est du poste avancé de la Protection civile, notre interlocuteur précisera : «Le projet est inscrit pour la commune de Maâtkas mais nous avons quand même proposé une autre assiette à Souk El Tenine. Mais hélas encore, l’assiette ne répondait pas aux critères exigés par la direction de la Protection civile. À présent, nous avons déniché une autre assiette à Maâtkas et la procédure est en cours». Sur un autre registre, à savoir le raccordement au gaz naturel et l’alimentation en eau potable, le commis de l’état persiste et signe : «Le blocage du projet de gaz existe à Souk El Tenine et les autorités communales sont les mieux indiquées pour lever le blocage. Pour ce qui est de la pénurie de l’eau, il n’y a eu aucune pénurie d’eau à Souk El Tenine, la commune est alimentée à partir de 3 forages de Mechtras, de la station de Tassadort et de la conduite venant du barrage de Koudiet Asserdoun. Dans certains villages de cette commune, l’eau coule à flot H24. Maintenant, s’il arrive des coupures de quelques heures, le chef de daïra a d’autre chats à fouetter car durant la période où l’on m’accuse d’être absent, je m’occupais de la gestion de 4 daïras». L’autre reproche fait au chef de daïra, en l’occurrence le retardement du dossier de l’habitat rural, ce dernier, document à l’appui (des copies qui nous ont été remises), affirme : «Ce dossier accuse un énorme retard, mais qui est le vrai responsable ? J’ai en effet reçu une invitation à sortir sur le terrain avec la commission de l’habitat rural le 11 janvier 2015. Le 20 mai 2015, j’ai reçu un autre procès verbal de réunion de la commission chargée d’examiner et d’établir la liste des postulants à l’habitat rural et ce n’est que le 3 juin 2015 que l’on nous a fait parvenir les 238 dossiers. Je précise que nos services ont enquêté sur le terrain et l’APC n’a pas daigné nous accompagner ni nous assurer le transport. Notre brigade a travaillé dans des conditions difficiles. Il en ressort enfin que les dossiers sont infestés de moult irrégularités». Les irrégularités trouvées ont été consignées dans un rapport transmis au wali, il s’agit à titre d’exemple de : 11 postulants inscrits comme nouvelles constructions alors qu’ils sollicitent des surélévations ou vice-versa, les rapports d’expertise ne sont pas joints au dossier, plusieurs constructions sont déjà entamées et parfois achevées, manque de permis de construire pour certains dossiers, des postulants femmes âgées de plus de 70 ans et des postulants résidant en dehors du territoire de la commune. «Le bras de fer engagé entre la coordination des comités de villages et le chef de daïra risque fort de se prolonger et de s’aggraver, car ceux qui tirent les ficelles se cachent derrière un rideau malheureusement transparent», dira un sage observateur de la scène à Souk El Tenine.

Hocine Taib

Partager