Le colloque national sur les enjeux didactiques et socioéconomiques présents dans le plurilinguisme en entreprise, qui se tient au campus d’Aboudaou depuis hier et doit s’achever dans la matinée d’aujourd’hui, a regroupé des enseignants universitaires venus des wilayas de Tizi-Ouzou, Batna, Annaba, Ouargla, Constantine, Mostaganem et, bien entendu, Béjaïa. Ces derniers ont donné des communications sur la pratique du français et des autres langues ainsi que leur gestion en entreprise. L’intervention qui a suscité un débat très proche de la polémique est celle de B. Bessai, de l’université de Béjaïa, qui a développé le thème intitulé : «Langues et réussite professionnelle en Algérie, quels enjeux et quelles présentations ?» Il dira que non seulement la langue française est prestigieuse en Algérie, mais aussi le monde économique y fonctionne avec. Il soulignera, toutefois, que ceci change d’une zone à une autre pour ce qui concerne sa perception par la population. Il citera une enquête faite par ses soins auprès de directeurs d’entreprises économiques et de lycéens de la wilaya de Béjaïa. Pour les premiers, elle serait un atout pour les promotions professionnelles et pour les lycéens, le français comme l’anglais, contrairement à l’arabe, offrent plus d’opportunités professionnelles. Les langues du marché algérien privé et public, le français au contact de l’anglais, la note de service au sens de la pratique du français à la problématique de sa compréhension, l’optimisation des communications écrites internes ou encore quand les langues deviennent des marques sont, entre autres, les différents thèmes développés durant cette rencontre qui se veut une préparation à la professionnalisation de la formation en langue, comme le soulignera le doyen de la faculté des lettres et des langues de l’université de Béjaïa, M. Bektache, président du comité d’organisation. «On est en train de nous préparer pour de nouvelles formations professionnalisantes dans les langues, alors qu’elles se faisaient jusque-là dans les filières techniques et économiques. Nous sommes court-circuités par les ENS qui forment des enseignants et nos licenciés en langues n’ont, par conséquent, aucun débouché professionnel. Notre rencontre est une sorte de réflexion centrée sur le recensement des besoins des entreprises. D’ailleurs, il y a beaucoup de leurs représentants qui y sont présents. Nous avons convenu, par exemple, avec Cevital de leur fournir des formateurs en langues pour leur personnel», rajoutera notre interlocuteur. C’est pour tenter de connaître les langues qui favorisent la productivité tout en s’interrogeant sur le degré de compétences, qu’il faut y avoir que la faculté des lettres et langues a programmé ce colloque tout en se fixant comme objectif le recueil des besoins en entreprises. La question du plurilinguisme dans les entreprises se pose avec acuité. En effet, les reconfigurations des économies confèrent au plurilinguisme un rôle de plus en plus important. À l’instar des autres pays, l’Algérie fait face à une délocalisation des lieux du pouvoir économique qui impose une reconsidération des rapports des langues entre elles. Ceci impose une réflexion à de nouveaux enjeux pour la formation en langues.
A. Gana