Le village de Mouka, distant de 7 kms d'Ighil Ali, est juché à plus de 600 mètres d'altitude. La masse urbaine, constituée de maisons traditionnelles et d'autres nouvelles, est située sur un plateau parcouru par une légère dépression du sol, qui scinde ce patelin en deux parties: Taddart n'Mouka et Ath Ahmed.
Ces deux grands quartiers traditionnels ne forment, en fait, qu’un seul village séparé par un ravin, où coulent des sources d’eau douce captées par les soins des habitants solidaires. Franchement, ce village est d’une beauté exceptionnelle. L’on se demande comment des dizaines de familles, qui habitèrent jadis ce splendide patelin, l’ont quitté comme ça pour aller vivre à Alger, à Bordj Bou Arréridj, à Oran et à Constantine, où ils exercent surtout les métiers de boulanger, de cuisinier et de pâtissier ? Pourtant, Mouka peut tout offrir: le pain et le panorama, et ce, pour peu qu’on secoue les méninges! Le sol y est fertile, la nature généreuse, avec des sources à foison et une nature à couper le souffle. Ce petit coin de paradis est vert toute l’année, car il est constitué d’un couvert végétal dense et luxuriant, constitué essentiellement de pins d’Alep, de frênes, de maquis et de buissons. En cette journée de lundi 9 novembre, il faisait très beau et même chaud. Le bleu du ciel épouse harmonieusement la verdure ambiante des lieux pour peindre un tableau d’une rare splendeur. Le chemin qui mène vers ce village est étroit et délabré. Nous sommes sûrs que cela fait des décennies qu’il n’a pas été bitumé au grand dam des habitants, qui doivent rouler avec tact pour ne pas bousiller leurs véhicules. Ce chemin communique avec la RN106 qui relie les chefs-lieux des wilayas de Béjaïa et de Bordj Bou Arréridj. À l’entrée de Mouka, un cimetière de martyrs vous accueille comme pour vous rappeler leur sacrifice à ne pas oublier! À une centaine de mètres de là l’école primaire n’est pas trop animée à cause du nombre très réduit d’élèves, qui seraient une trentaine au plus. Ici, c’est la dénatalité qui s’est fatalement greffée à l’exode rural, qui a touché de plein fouet ce village pendant surtout la décennie noire, où les islamistes sanguinaires faisaient des descentes dans ce village en terrorisant de pauvres villageois. La région des Ath Abbas, dont fait partie Mouka, a énormément souffert du terrorisme islamiste. Mais aujourd’hui que la paix est revenue, les Moukaouis, notamment, réapprennent à vivre.
Des soldats de l’ANP veillent sur la région !
Aussi, à près de 5 kms de ce patelin, il y a un campement militaire, où les soldats veillent sur les lieux constitués d’une dizaine de villages éparpillés sur les flancs des cimes et les mamelons, à l’instar de Tazla, Illougane, Boukdhène, Tabouaânant et bien d’autres. Les villageois sont rassurés avec ces éléments de l’ANP. Pour revenir au village de Mouka, la vie n’y est pas aussi malheureuse que l’on croirait, et ce, pour la simple raison que ce village, habité par environ 400 âmes, offre beaucoup d’opportunités pour une vie paisible. Nous avons constaté que beaucoup de villageois pratiquent l’agriculture, laquelle les fait vivre largement, à l’instar de l’aviculture, où le patelin dispose de plusieurs unités avicoles. Il y a aussi l’oléiculture avec un parc oléicole important, constitué de centaines d’oliviers, lesquels permettent aux habitants de vivre à l’abri du besoin rien qu’en vendant l’huile d’olive. L’apiculture est également pratiquée à Mouka, étant donné que l’air y est d’une excellente qualité couplé d’un tissu végétal luxuriant et varié qui permet à ces « armées » d’abeilles de butiner et de produire un miel de qualité. Dans la foulée, l’élevage du cheptel, comme les ovins, les caprins et les bovins, est exercé par tous les villageois, aidés dans cela par la disponibilité des pâturages et cette couche drue d’herbe verte qui commence déjà à croître dans les prairies. Tout cela, entre autres, permet aux Moukaouis de vivre dignement et à l’abri du besoin. « Il ne nous manque absolument rien! », nous dit un jeune de Mouka. Le village, contrairement aux idées fausses, fait vraiment vivre. Et Mouka en est l’exemple de réussite!
Syphax Y.