La brucellose en débat

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L’épidémie de la brucellose qui a touché de plein fouet la wilaya de Bouira, où 74 cas de transmission de l’animal à l’homme ont été enregistrés depuis la fin juillet, continue de susciter des débats parfois passionnés. C’est en tout cas ce qui nous a été donné de constater, hier, lors de la journée d’étude et de sensibilisation sur la Brucellose qu’a organisé le bureau d’hygiène communal (BHC) de Bouira, au théâtre communal, Salah Sadaoui. La rencontre, censée traiter principalement de la maladie et des moyens de prévention, a suscité beaucoup d’interrogations parmi l’assistance composée en majorité de vétérinaires de la wilaya dont une dizaine a contracté la maladie. En effet, certains vétérinaires qui sont intervenus lors du débat, ont franchement exprimé des inquiétudes quant à la manipulation du vaccin à l’occasion des visites des cheptels. D’autres, en revanche, ont exprimé le vœu qu’il y ait un échantillonnage plus important parmi les vétérinaires atteint par la brucellose. Selon une vétérinaire, depuis l’apparition de l’épidémie en juillet dernier, trois cas seulement ont été contrôlés par l’institut Pasteur sur près 30 cas de vétérinaires atteints par la maladie. Malgré les assurances de l’épidémiologue présente à la rencontre quant au résultat négatif des tests effectués, des vétérinaires sont revenus à la charge pour exiger plus d’échantillonnage. L’epidémiologue, Mme Bouaanane, qui a fait un exposé sur la maladie, est revenue dans le détail sur le processus du traitement de la maladie, depuis son dépistage, en passant bien évidement par l’enquête épidémiologique. Elle a aussi axé son intervention sur la classification des différents cas de la maladie et sur les actions recondamnées avant de prodiguer quelques conseils à même parer à tous risques de propagation du virus. La conférencière a beaucoup insisté sur le respect des règles d’hygiène et des conditions d’élevage. Pour elle, il y a un travail de coordination entre les services de la DSP (vétérinaires) et ceux de la santé (médecins). Selon elle, il ne faut pas que les démarches soient faussées car, parfois c’est le cas. Un des conférenciers qui est revenu sur l’épisode de la brucellose dans la wilaya de Bouira a fait savoir que depuis l’apparition de la maladie à la fin juillet et début août derniers, 74 cas d’atteintes ont été enregistrés. L’on apprend aussi que tous les cas ont été traités à l’EPH de la ville. Lors de la rencontre d’hier, on a fait savoir que la maladie est actuellement maitrisée. Il a été par ailleurs, relevé une prorogation fulgurante de la maladie dans la wilaya en l’espace de seulement quelques semaines. À Taghzout par exemple, où le premier cas avait été signalé la plupart des exploitations avaient été touchées et le cheptel décimé. Pour un des spécialistes, le drame en Algérie, c’est le fait qu’il existe beaucoup d’élevages- pour la plupart familiaux- qui ne sont pas déclarés, donc non identifiés. Pour lui, cette situation est vraiment problématique. Toujours au sujet de l’élevage bovin et de son dépistage, un conférencier a fait un aveu pour le moins stupéfiant. Selon ce dernier, une note datant de 2010 émanant du département de l’agriculture sous le ministre Benaissa, avait carrément ordonné l’arrêt des campagnes de dépistage, ce qui a provoqué plus tard des graves conséquences. «S’il n’y avait un arrêt de dépistage, on ne serait pas arrivé là (l’épisode de l’épidémie de l’été dernier, ndlr)», a noté le conférencier. Pour rappel, la note ministérielle arrêtant momentanément le dépistage visait à favoriser la collecte du lait cru afin de constituer des bassins laitiers à travers beaucoup de wilayas. Cette politique du gouvernement avait comme objectif d’encourager la filière laitière et limiter le recours à l’importation de la poudre du lait. Il est utile de signaler que la problématique du marché à bestiaux de la ville de Bouira a été encore une fois évoquée. Selon certains, ce marché qui n’est pas agréé n’est pas contrôlé par l’inspection vétérinaire. Le marché peut être une source de propagation de maladies telles que la brucellose. D’où l’appel à sa régularisation. Pour conclure, tous les intervenants étaient unanimes à appeler les éleveurs à fournir plus d’efforts et de sacrifices pour prendre plus de précautions à l’avenir. Les vétérinaires, eux aussi, sont appelés à prendre les précautions d’usage en contact avec les cheptels.

D.M

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