Le cauchemar d’une parturiente

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Au niveau de la maternité de l’EPH Mohammed Boudiaf de Bouira, beaucoup d’encre coule lorsque on évoque les conditions d’hospitalisation.

Les personnels d’accuel et de prise en charge médicale dans le secteur public sont plutôt à plaindre qu’à blâmer. Faute de place et de matériel adéquat, ce service, l’un des plus sollicités, se trouve souvent débordé et peine généralement à remplir la tâche du service public. Le cas de la jeune Hayet, est un exemple des plus édifiants sur les difficultés que rencontrent les patients au sein des structures de santé de Bouira et plus particulièrement au niveau de la maternité de l’EPH. Y. Hayet, jeune maman originaire de la commune d’El-Asnam, située à une dizaine de kilomètres à l’Est du chef-lieu de wilaya de Bouira, souffre d’une hémorragie causée, selon elle, par l’oubli du placenta à l’intérieur de son ventre, le 09 octobre dernier au service de la maternité de l’hôpital Mohammed Boudiaf de Bouira, où elle a été admise pour un accouchement normal. En effet, d’après son témoignage, la jeune parturiente a été admise la matinée du 09 octobre dernier, et a accouché durant la même nuit et ce, en présence d’un médecin gynécologue de l’hôpital. D’après-elle, l’accouchement s’est déroulé naturellement, la gynécologue de garde n’a pas jugé utile d’opérer une césarienne, même si son médecin traitant, le lui aurait conseillé plusieurs mois à l’avance. «La gynécologue de garde m’a rassurée, en m’affirmant que je pourrais accoucher naturellement. Franchement, je n’ai pas été très à l’aise, surtout que j’ai déjà accouché par césarienne, d’autant plus que mon médecin traitant, m’avait assuré que je n’accoucherai jamais naturellement», nous dira-t-elle. Notre interlocutrice relate également les conditions dans lesquelles s’est déroulé son accouchement. Elle affirme clairement qu’elle a été violentée et insultée par la sage-femme en garde ce soir-là. «Après l’accouchement, j’étais presque inconsciente, je perdais beaucoup de sang. La sage-femme à mes côtés, au lieu de me prendre en charge, elle ne cessait de m’insulter en me traitant de tous les noms, elle est même allée plus loin en me frappant !». Deux jours après son accouchement, la jeune maman a quitté l’hôpital. «On m’a garanti que tout allait bien et que les douleurs post accouchement sont normales». Son état ne s’est cependant pas amélioré elle ressent toujours des douleurs au niveau du ventre. Pire encore, son état se dégrade de plus en plus. «J’étais très pâle, je n’arrivai plus ni à parler ni à marcher ou encore à manger. Je toussais tout le temps. Les douleurs n’ont jamais disparu au contraire, elles redoublent d’intensité», dira-t-elle. Elle enchaîne alors les examens, les analyses et les échographies. «On s’est rendu compte que j’avais encore la totalité du placenta dans le ventre. Certains médecins gynécologues m’ont clairement signifié qu’ils ne pouvaient pas me traiter ! Tous m’avaient orienté vers l’hôpital. Ils avaient tout simplement peur, car mon cas est très grave !», affirme notre interlocutrice, avant d’ajouter «pourtant plusieurs médecins ont défilé devant moi après l’accouchement, mais personne ne m’a parlé du placenta ?!!». La jeune femme déplore que le personnel médical n’a pas été plus attentif : «Pourquoi ne m’a-t-on pas consultée après l’accouchement ? Avec tous les moyens technologiques qui existent, je trouve ça fou, qu’on puisse oublier un morceau à l’intérieur d’un ventre !». La jeune parturiente assure qu’elle a été admise pendant plus de 15 jours aux services de la maternité après la suggestion des médecins qu’elle a visités, mais en vain, son état n’a guère changé. Les médecins ont alors essayé une opération de curetage sur la patiente, sans aucun résultat. D’après elle, le placenta se serait fixé à l’intérieur de son ventre : «après plusieurs tentatives de curetage, qui n’ont pas donné de résultat, je suis restée plusieurs jours à l’hôpital, et j’ai rarement été consultée par un médecin, je ne savais même pas qui était le médecin qui suivait mon cas ! Je n’avais le droit qu’à des simples injections de sérum qui calmait, un tant soit peu ma douleur ! Finalement, après avoir été auscultée par une autre gynécologue qui m’a préinscrit un médicament qui vaut plus de 20 000 DA la boite, on m’a tout simplement signifié de quitter l’hôpital !», Témoigne encore Hayet. Avant-hier, un médecin gynécologue privé installé à Sour El-Ghozlane, au Sud du chef-lieu de wilaya, a finalement accepté de suivre son cas. «Il vient de me préinscrire un nouveau traitement de quatre semaines. D’après lui, ce médicament réussira à faire éjecter le placenta sans avoir recours à une opération», a-t-elle ajoutée. Dans une requête adressée au directeur de la santé de Bouira, ainsi qu’au directeur de l’hôpital, la jeune Hayet affirme que son cas ne cesse de s’aggraver et que l’hémorragie continue toujours. «J’ai abandonnée ma famille et mon travail. Je n’ai reçu aucun traitement à l’hôpital et j’ai bien peur que mon état se transforme à une autre maladie», écrit-elle dans cette lettre, qui sonne comme un véritable SOS : «je vous demande d’agir pour me faire sortir de ce cauchemar et pour faire appliquer les lois sur tous ceux qui ont Sali la profession noble !». Contacté le directeur de l’EPH de Bouira a affirmé «qu’il n’est pas au courant de cette affaire et qu’il n’a pas encore reçu la requête de la patiente». Le même responsable a refusé également de s’exprimer sur ce cas, en se contentant de dire : «c’est l’avis médical qui compte».

O.K.

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